La Commission européenne vient d’annoncer la conclusion d’un nouvel accord commercial avec le Mexique. On espérait que les accords de libre-échange du monde d’avant la pandémie seraient obsolètes dans le monde d’après. Au contraire, l’Union européenne nous montre qu’elle n’a pas l’intention de remettre à plat les logiques économiques et commerciales dont l’innocuité apparaît pourtant au grand jour dans le cadre de la crise sanitaire mondiale actuelle.
Cet accord est une mise à jour du pacte signé en 2000 et vise à l’étendre à des secteurs tels que la finance, le commerce électronique et l’agriculture. S’il était ratifié, cet accord serait le premier, entre l’Union européenne et un pays d’Amérique latine, à inclure un chapitre sur la protection des investissements institutionnalisant la suprématie des entreprises transnationales sur les décisions démocratiques des États.
Lors de ma participation à la Caravane « Toxitour » en décembre dernier, j’ai pu constater à quel point l’impunité des entreprises transnationales installées au Mexique engendre un désastre sanitaire, environnemental, social et économique. Les accords de libre-échange entre l’Union européenne et le Mexique, en permettant à des transnationales d’externaliser là-bas les impacts sociaux et environnementaux de leur activité qui ne seraient pas tolérés ici, conduisent à la destruction de l’environnement, la multiplication des maladies, et l’accroissement de la pauvreté. Ils transforment un pays en « paradis industriel » pour le plus grand bonheur des Lafarge-Holcim, Véolia, et autres Saint-Gobain, et pour le plus grand malheur des populations.Ces conséquences concrètes des accords de libre-échange, je les ai directement observées sur le terrain : les sols sont pillés de leurs matières premières et deviennent impropres à l’agriculture, les enfants meurent de leucémie et de cancer, les jeunes femmes sont victimes d’avortements spontanés, les rivières sont polluées par des substances toxiques et l’air est irrespirable et plein de poussière.
Aux côtés des organisations de la société civile mexicaine et européenne du Toxitour, je demande la suspension immédiate du processus de ratification du traité commercial entre l’UE et le Mexique.
Tout cela doit cesser. Alors que notre planète est traversée par une terrible pandémie mondiale, l’Union européenne doit plus que jamais opérer un changement radical de sa politique commerciale internationale et repenser radicalement sa vision des échanges internationaux au vu des priorités environnementales, sociales et sanitaires. L’heure est de sauver des vies, pas de les détruire.