Retour sur la session plénière du mois de septembre, qui s’est tenue du lundi 14 au jeudi 17 à Bruxelles.
Rappelons que cet événement est habituellement organisé à Strasbourg, siège officiel du Parlement européen. Cependant, en raison de la situation sanitaire incertaine, le président Sassoli a préféré organiser les travaux dans les locaux bruxellois, pour limiter les déplacements. Si notre délégation France insoumise a accepté cette situation exceptionnelle, elle n’en reste pas moins attachée au respect du statut légal du siège strasbourgeois, où elle espère se rendre dès que les conditions sanitaires le permettront.
1️⃣ Discours sur l’état de l’Union européenne
2️⃣ Plan d’action anti-raciste
3️⃣ Démocratie et droits humains en Biélorussie
4️⃣ Contre le lawfare aux Philippines
5️⃣ Fonds pour une transition juste
1️⃣ Discours sur l’état de l’Union européenne
Comme tous les ans, le discours de la Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, était très attendu. Peut-être plus particulièrement encore cette année, après que la pandémie de Covid-19 a bousculé l’agenda politique de l’UE et paralysé le système libéral pendant de longues semaines.
La déception n’en fut que plus accrue. Car, mis à part un passage salvateur sur la lutte contre la haine et le racisme (voir plus bas), il n’y a pas eu grand-chose à tirer de ce discours.
Très peu sur le plan de relance de l’UE, pourtant notoirement insuffisant et en-deçà des attentes des eurodéputés. Rien sur les ressources propres. Rien sur la justice fiscale, rien sur la crise du logement, rien sur l’évasion fiscale. Pas plus sur la coordination sanitaire des États membres face à une possible seconde vague de Covid-19… À croire que rien ne s’est produit au printemps dernier !
Il y a certes bien eu une partie sur « l’Europe de la santé » … mais celle-ci sonne affreusement faux lorsqu’on connaît le rôle de la Commission européenne dans la politique d’austérité budgétaire de l’Union européenne, largement responsable de l’appauvrissement de notre système public de santé.
Déception identique sur la question climatique ou sur la politique d’accueil des migrants. Plus d’une heure de discours… pour pas grand-chose. Alors qu’un changement de cap n’a jamais semblé aussi nécessaire au sein de l’Union, la Commission n’esquisse pas même le début d’un virage.
↪️ Pour en savoir plus : https://d-fi.lafranceinsoumise.fr/2020/09/17/discours-sur-letat-de-lunion-europeenne-parler-beaucoup-dire-si-peu/.
2️⃣ Plan d’action anti-raciste
La délégation France insoumise salue le plan d’Action anti-raciste proposé par la Commission européenne. Celui-ci préconise notamment une journée européenne de commémoration de l’abolition de l’esclavage. Cela fait suite au vote historique sur la reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’Humanité, porté en juin dernier par Younous Omarjee.
Quelques mois après le mouvement #BlackLivesMatter qui s’est répandu partout dans le monde, c’est un nouvel acte fort au sein de l’Union européenne pour réaffirmer les valeurs d’égalité, de respect et d’humanisme.
Notre délégation salue également l’intervention d’Ursula von der Leyen concernant la reconnaissance des droits des personnes LGBTI partout en Europe. Nous appelons néanmoins la Commission à passer rapidement des paroles aux actes, à l’heure où certains États, au sein même de l’Union européenne, et notamment la Pologne, n’hésitent pas à mettre en place des politiques ouvertement homophobes.
3️⃣ Démocratie et droits humains en Biélorussie
Depuis plusieurs semaines, la Biélorussie traverse une période politique particulièrement instable. Le 9 août dernier, l’élection présidentielle a déclaré le Président sortant, Alexandre Loukachenko, réélu face à la candidate d’opposition Svetlana Tikhanoskaïa avec plus de 80% des voix.
Dès l’annonce des résultats, le peuple biélorusse a organisé des manifestations et des grèves partout dans le pays pour réclamer la démission du président Loukachenko, au pouvoir depuis 1994. Ces mouvements de protestation ont été violement et sévèrement réprimés par les forces de l’ordre, et plusieurs mesures du pouvoir ont spécifiquement ciblé les forces d’opposition et les ONG présentes sur le territoire biélorusse.
Au Parlement européen, notre délégation a voté pour une résolution condamnant la violation des droits humains et appelant à une transition démocratique en Biélorussie, soutenant ainsi la mobilisation du peuple biélorusse. Cette résolution a été adoptée par le Parlement européen.
Cependant, nous exprimons notre réticence à voir plusieurs institutions financières internationales, citées dans le texte de cette résolution, notamment le FMI. Nous estimons indispensable de protéger le peuple biélorusse d’une possible ingérence visant à lui imposer des réformes néolibérales, alors que ce dernier prend son avenir en mains. Le respect de la démocratie et des citoyens doit être la seule boussole de la politique de l’Union européenne quant à la situation en Biélorussie.
4️⃣ Contre le lawfare aux Philippines
Notre délégation France insoumise marque sa rentrée politique en obtenant une victoire importante : l’adoption d’une résolution d’urgence pour dénoncer les violations des droits humains aux Philippines.
En lien avec des syndicats mondiaux et philippins, la Commission nationale des droits de l’Homme et le comité de soutien pour la libération de la Sénatrice Leila de Lima, notre délégation a porté cette résolution au sein du Parlement européen.
Plusieurs victoires :
- la condamnation des pratiques de lawfare, recours abusif à la loi et aux systèmes judiciaires pour réduire au silence l’opposition politique
- la demande de libération de la Sénatrice Leila de Lima, injustement emprisonnée depuis plus de 3 ans
- la suspension des préférences douanières (mises en place contre le respect de la démocratie) entre l’Union européenne et les Philippines
↪️ Pour en savoir plus : https://d-fi.lafranceinsoumise.fr/2020/09/18/au-parlement-europeen-la-delegation-france-insoumise-obtient-un-vote-historique-contre-le-lawfare/
5️⃣ Fonds pour une transition juste
Le Parlement européen statuait également sur un amendement concernant le Fonds pour une transition juste (FTJ). Doté d’un budget de 17,5 milliards d’euros, ce fonds vise à soutenir les régions particulièrement dépendantes des énergies fossiles, notamment le charbon, dans leurs effort pour requalifier et former les travailleurs de ces industries.
Parmi les amendements voté cette semaine : l’augmentation du budget à 25 milliards d’euros et l’élargissement de ce Fonds aux investissements gaziers.
La délégation France insoumise regrette l’opportunité manquée par le Parlement européen de soutenir une véritable bifurcation écologique et sociale par la sortie de toutes les énergies fossiles et le soutien aux travailleurs de ces secteurs. En approuvant l’amendement concerné, une majorité de députés européens a cédé au lobby du gaz, et a reconnu le gaz naturel comme un moyen pour réaliser une transition « verte »… Un non-sens écologique absolu.
Face à l’urgence climatique et environnementale, nous ne pouvons plus attendre : le FTJ, et les fonds publics de manière générale, doivent uniquement soutenir l’objectif de 100% d’énergies renouvelables en 2050. Lors des futures négociations avec le Conseil et la Commission, notre délégation se battra pour que le FTJ y soit consacré.
Notons au passage que la délégation LREM a confirmé son prix de tartuffe de l’écologie, qu’elle avait déjà acquis lors qu’en février elle votait l’octroi de plusieurs milliards au secteur gazier ; alors que le gouvernement français s’était officiellement positionné pour l’exclusion du gaz naturel du FTJ, les eurodéputés macronistes, ont largement voté en faveur de cet amendement… Nouvelle incarnation du fameux « et en même temps », à n’en point douter !