Emmanuel Maurel intervenait en commission INTA sur l’agriculture europĂ©enne. La protection de l’agriculture europĂ©enne face Ă la concurrence mondiale est essentielle Ă la transition vers un systĂšme alimentaire plus sain. Il serait intolĂ©rable dâimposer des rĂšgles strictes Ă nos producteurs et de ne pas soumettre leurs concurrents aux mĂȘmes rĂšgles!
Vous trouverez ci-dessous le texte de son intervention.
Seul le prononcé fait foi.
La politique commerciale de lâUnion europĂ©enne doit respecter les engagements pour une transition vers des systĂšmes agroalimentaires plus durables, pour le respect de lâaccord de Paris, le Green Deal et la protection des consommateurs europĂ©ens. Les propositions que vous formulez dans cet avis me paraissent aller dans le bon sens mais je nâen partage pas tous les prĂ©supposĂ©s idĂ©ologiques, au premier rang desquels lâidĂ©e selon laquelle nous pourrions continuer dâapprofondir la mondialisation de lâagriculture.
Certes, comme vous, je pense que les agriculteurs, les pĂȘcheurs et les aquaculteurs europĂ©ens doivent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des acteurs clĂ©s. Afin dâassurer leur protection et leur compĂ©titivitĂ©, des mesures dâaccompagnement et de financement supplĂ©mentaires sâimposent, pour promouvoir davantage une agriculture de qualitĂ©, redonnant confiance et fiertĂ© Ă un monde en souffrance.
Vous revenez ensuite dans votre avis sur le risque dâun dĂ©savantage concurrentiel pour notre agriculture, en lâabsence de convergence mondiale des normes.
Il est en effet nĂ©cessaire que la stratĂ©gie âde la Ferme Ă la Tableâ impose clairement nos normes aux importations agroalimentaires. Il ne serait pas tolĂ©rable dâimposer des normes strictes Ă nos propres producteurs, et de ne pas soumettre leurs concurrents aux mĂȘmes rĂšgles.
Ă titre dâexemples Ă©vocateurs, nous attendons encore les rĂ©ponses de la Commission au sujet des dĂ©faillances constatĂ©es dans la traçabilitĂ© du bĆuf canadien, autorisĂ© Ă rentrer en Europe via le CETA. De mĂȘme nous pensons quâil nâest pas pertinent de poursuivre des nĂ©gociations commerciales avec la Nouvelle ZĂ©lande, dont la filiĂšre ovine pourrait mettre en danger la nĂŽtre.
Mais Ă mon sens, une Ă©quivalence des normes ne suffira pas. Je pense que lâagriculture europĂ©enne doit assurer notre souverainetĂ© alimentaire et que toute nouvelle insertion dans un systĂšme globalisĂ© nous empĂȘchera dây parvenir. Si nous poursuivons notre politique de libre-Ă©change et son corollaire inĂ©vitable, Ă savoir lâabaissement des normes agro-chimiques, toutes nos « stratĂ©gies » resteront dans lâordre de lâincantation.
Ainsi, notre groupe privilĂ©giera la protection de nos agriculteurs face Ă la concurrence mondiale. Câest Ă nos yeux une question centrale et nous y serons particuliĂšrement vigilants dans les prochaines semaines. Comme nous serons vigilants sur la traçabilitĂ© des produits venant hors de lâUnion, sur leur composition et sur leur impact environnemental. Câest Ă ce prix que les consommateurs seront rassurĂ©s et surtout mieux nourris. Et câest Ă ce prix aussi, que sera prĂ©servĂ© notre Ă©cosystĂšme commun.