Il reste tant à faire pour les droits des femmes en Europe ! / Lettre ouverte à Ursula von der Leyen

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Lettre publiée sur le Huffington Post, disponible en cliquant ici.

Madame la présidente de la Commission européenne,
Madame von der Leyen,

Nous vous adressons ce courrier dans le cadre de la journée internationale pour les droits des femmes, qui se tient tous les ans en date du 8 mars. À cette occasion, le Parlement européen a décidé de souligner le rôle crucial joué par les femmes dans la lutte face à la pandémie de Covid-19. Une initiative que nous saluons et dans laquelle nous nous reconnaissons, tant elle correspond à la réalité de la crise sanitaire, économique et sociale qui frappe le monde entier depuis un an maintenant.

Le secteur de la santé présente en effet de nombreux métiers à prédominance féminine, c’est-à-dire majoritairement occupés par des femmes. Ainsi en Europe, 76% des travailleuses de la santé sont  des femmes. En France, on compte 87% de femmes chez les infirmières, ou encore 90% chez les aides-soignantes. Face à la pandémie de Covid-19, ce sont donc avant tout des femmes qui dépistent et soignent les malades, dans des conditions éreintantes et sans voir le bout du tunnel depuis de longs mois.

Mais les femmes occupent également majoritairement de nombreux métiers qui ont permis de maintenir un minimum d’activité, tout au long des périodes de confinement, comme la garde d’enfants, l’accueil ou la vente.

Elles occupent également majoritairement les postes précaires supprimés ou mis à l’arrêt depuis le début de la crise, comme les services d’entretien et de ménage.

Ce sont aussi en majorité les femmes qui assurent les tâches ménagères et gèrent le quotidien, assument leurs enfants, font l’école à la maison lorsque celles-ci, comme les crèches, ferment leurs portes. La crise sanitaire a ainsi accentué le nombre de femmes seules avec enfants qui se sont retrouvées dans une grande précarité.

Enfin, les femmes sont également les premières sur le front face à la crise sociale qui frappe l’Europe, au sujet de laquelle notre délégation a lancé, en janvier dernier, une campagne pour la mise en place d’un « état d’urgence sociale » dans l’Union européenne.

S’il y a donc une chose que la pandémie de Covid-19 a mis en exergue, c’est que les femmes sont aussi indispensables au bon fonctionnement de notre société, par les rôles qu’elles assument et par les postes qu’elles occupent, qu’elles ne sont discriminées et précarisées précisément parce qu’elles sont femmes.

Les atteintes aux droits des femmes n’ont pas attendu la pandémie

Cependant, la lutte pour les droits des femmes n’a pas attendu la pandémie de Covid-19 pour se révéler primordiale. Elle est au contraire nécessaire, constante et centrale depuis de longues années. Pour notre délégation, il s’agit d’une priorité politique.

L’année passée, à l’occasion du 8 mars et au début de la crise sanitaire, nous alertions ainsi sur différentes statistiques alarmantes au sein de l’Union européenne : un écart salarial de 16% entre les femmes et les hommes, un écart de pension de retraites de 36%, 1 femme sur 3 en temps partiel contre moins d’un 1 homme sur 10…

Et cette année encore, au sein de l’Union européenne, les droits des femmes ont été directement inquiétés.

Par exemple en Pologne, où une décision de la Cour constitutionnelle a annoncé une restriction de l’IVG en octobre dernier, promulguée en février dans un pays où l’accès à l’avortement est déjà particulièrement restreint et limité aux cas de viols, d’incestes et de danger pour la vie de la mère. Rappelons qu’à Malte, autre État membre de l’UE, l’avortement reste interdit et punit de 3 ans de prison ferme.

La pandémie de Covid-19 a également fait exploser les violences à l’égard des femmes. Ainsi en France, les violences conjugales ont augmenté d’au moins 36% pendant la première période de confinement. Et les chiffres européens font froid dans le dos : en France, tous les deux jours, une femme est assassinée par son conjoint ou ex-conjoint. En Allemagne, une femme par heure est victime de violence domestique. En Espagne, un homme viole une femme toutes les cinq heures.

Le constat est donc sans appel, madame la présidente. Liberté de disposer de son corps, inégalités, violences… il reste tant à faire pour le respect des droits des femmes en Europe !

L’Union européenne doit prendre des mesures fortes

Il faut donc prendre les mesures nécessaires pour avancer dans cette lutte.

Il faut inscrire l’IVG dans la charte européenne des droits fondamentaux.

Il faut inscrire, dans le droit européen, un congé de 30 jours pour le parent qui n’accouche pas, et un congé parental individuel de 4 mois rémunéré 50% du salaire pour les mères.

Il faut mener une grande campagne d’information et de sensibilisation pour la reconnaissance du droit à l’avortement dans toute l’UE, et encourager Malte et la Pologne à alléger leurs législations sur le sujet.

Il faut reconnaitre le droit à la PMA dans l’UE.

Il faut octroyer le statut de réfugiée politique dans l’UE à toute femme victime de violences  liées au genre, sexuelles ou lesbophobes, ou persécutée en raison de son action pour le droit des femmes.

Il faut encourager les États membres à ratifier la Convention d’Istanbul, base juridique la plus avancée contre les violences faites aux femmes, et leur donner les moyens d’en respecter les conditions.

Il faut encourager les États membres à atteindre les objectifs fixés par la déclaration de Pékin, programme pour l’autonomisation des femmes adopté en 1995.

Par ce courrier, madame la présidente, nous souhaitons vous alerter sur la question des droits des femmes, pour lesquels il reste tant de luttes à mener, d’efforts à fournir et de victoires à obtenir. Sachez que notre délégation sera toujours force de proposition sur le sujet, et sera toujours en première ligne dans le long et difficile combat pour l’égalité, le respect et la dignité.

La délégation France insoumise au Parlement européen

Lettre publiée sur le Huffington Post, disponible en cliquant ici.

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