Le sommet de Porto, prévu du 7 au 8 mai prochain, a mis au cœur de ses travaux les politiques sociales de l’Union européenne. Dans le contexte de crise, la délégation de la France insoumise se saisit du (rare) moment où l’Union européenne parle de social, et portera la proposition d’un salaire minimum européen digne afin que l’emploi soit enfin pour toutes et tous un véritable rempart contre la précarité.
Le sommet de Porto, prévu du 7 au 8 mai prochain, a mis au cœur de ses travaux les politiques sociales de l’Union européenne. Dans le contexte de crise actuelle, la délégation de la France insoumise, qui place le droit des travailleurs et le progrès social comme boussole de son mandat, se saisit du (rare) moment où l’Union européenne parle de social, et portera la proposition d’un salaire minimum européen digne afin que l’emploi soit enfin pour toutes et tous un véritable rempart contre la précarité.
Il y a trois mois, la délégation France insoumise appelait à déclarer l’état d’urgence sociale dans l’Union européenne, car la crise sanitaire qui a touché l’Europe de plein fouet s’est rapidement convertie en une crise économique et sociale sans précédent. Depuis, la situation s’est encore aggravée : la pauvreté et la précarité augmentent à vue d’œil, la demande d’aide alimentaire explose dans de nombreux pays européens, le chômage ne cesse de croître… Tous les voyants sont au rouge.
Pour garantir un niveau de vie décent aux Européens et sortir de la pauvreté des millions de travailleurs précaires, il est indispensable de garantir un salaire minimum décent pour tout travail. La pandémie a montré que ce sont bien souvent les métiers les plus essentiels qui sont les moins valorisés et les moins bien rémunérés, un constat très révélateur des failles du système actuel. En parallèle, les plus riches ne cessent d’accroître leurs profits : entre mars 2020 et mars 2021, les milliardaires français se sont enrichis de 170 milliards d’euros ! Nous ne pouvons tolérer un si grand mépris envers ceux qui ne parviennent plus à se nourrir correctement une fois les factures payées.
Aveugle face à cette réalité, Emmanuel Macron n’a pas rougi en envoyant, la semaine dernière à la Commission européenne, un plan de relance dans lequel il s’engage à relancer “en profondeur” la réforme des retraites et à prendre de nouvelles mesures concernant l’assurance-chômage. Des réformes qui menacent de plonger des millions de personnes supplémentaires dans la précarité… Ce même Emmanuel Macron tente aussi de se faire passer sur la scène nationale pour le chantre de l’Europe sociale.
Nous ne pouvons nous en remettre à des dirigeants qui accumulent des fausses promesses et agissent à rebours de leurs paroles, ni à des gouvernements qui accumulent des mesures antisociales d’ampleur tout en laissant les profiteurs de crise s’enrichir massivement.
Au sein de l’Union européenne, les différences de salaire sont colossales : six États membres n’ont pas de salaire minimum fixe et dans plusieurs autres, le SMIC est inférieur à 500 euros. Ces différences au sein d’un marché unique entraînent le dumping social dont profitent de grosses entreprises en employant des travailleurs issus de pays où les garanties sociales sont minimes, instaurant au passage un climat de concurrence entre travailleurs européens.
Pour remédier à ces problèmes, nous insistons sur l’importance de mettre en place un réel programme social, dans lequel s’inscrit le salaire minimum européen. Cette question doit être au cœur du sommet de Porto. Les Européens n’attendent que cela. Mais cette fois-ci, nous ne voulons plus de poudre aux yeux. Pour que le salaire minimum garantisse aux travailleuses et travailleurs européens le droit de vivre dignement de leur travail, notre délégation porte une triple exigence : un seuil de salaire minimum fixé à 75% du salaire médian de chaque État membre, la prise en compte d’un panier de biens et de services dans le calcul du salaire minimum ainsi qu’une clause de non-discrimination.
Le salaire minimum européen doit être calculé en fonction du salaire médian en vigueur dans chaque État membre de manière à s’adapter aux différences spécifiques à chaque pays. Nous demandons 75% de ce salaire médian, car tout seuil inférieur ne permettrait pas l’accès à une vie décente. La preuve en France : le Smic y est aujourd’hui fixé à 62% du salaire médian. Qui pourrait dire qu’il permet de vivre dignement ? Le travail ne doit pas juste permettre de survivre. Il doit permettre de vivre !
Au-delà d’un chiffre, il est nécessaire de s’assurer qu’avec ce salaire minimum, les européens puissent accéder à un panier de biens et de services essentiels, comme cela existe en France pour calculer le montant du Smic. Ce panier, propre à chaque État membre et fixé par un réseau d’experts, comprendrait toutes les dépenses nécessaires pour mener une vie décente. Il inclurait notamment les dépenses de nourriture et de logement, mais aussi de déplacement, les dépenses liées à la santé, à l’éducation, à l’habillement ou aux communications.
Enfin, un principe de non-discrimination doit être intégré à ce salaire minimum. Il est hors de question que des travailleuses ou des travailleurs puissent être payés moins en raison de leur âge, de leur domaine d’activité ou de toute autre raison absurde.
Notre délégation insoumise entend donc lutter pour un salaire minimum européen ambitieux, une mesure indispensable pour répondre à l’état d’urgence sociale. Nous réaffirmons le besoin de mettre en place de réelles garanties pour les peuples européens, la nécessité de protéger les citoyens et de donner à chacun les moyens d’une vie décente.
La délégation France Insoumise au Parlement Européen