Stratégie industrielle mise à jour : la Commission européenne dans l’impasse

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Ce 5 maila Commission européenne présentait une “mise à jour” de sa Stratégie industrielle. Comment la résumer ? Maintien du primat de la mise en concurrence généralisée, partenariats public-privé et illusions de la “croissance verte”.

Un élément central de ce document est de réaffirmer comme un mantra l’importance essentielle du marché unique avec sa libre-circulation des biens, des personnes et des capitaux. La Commission fait ainsi l’impasse sur le problème majeur du marché unique : en l’absence de toute harmonisation sociale vers le haut, il met en concurrence les travailleurs les uns avec les autres et désindustrialise l’Ouest vers l’Est.

Cette désindustrialisation causée par la mise en concurrence généralisée au sein de l’Union a de nombreuses incarnations en France. Je pense notamment à la fermeture de l’usine de Bridgestone à Béthune, mise en concurrence et sacrifiée au profit d’un site polonais. Pire cette mise en concurrence est organisée avec la participation de fonds européens. Interrogée par notre délégation France insoumise au Parlement européen, la Commission trouve cela parfaitement normal… circulez, il n’y a rien à voir.

En matière de concurrence internationale, la Commission fixe un objectif d’”autonomie stratégique ouverte”. Vous ne comprenez pas ce que ça veut dire ? C’est normal c’est fait pour. Cette terminologie n’est là que pour accommoder des positions irréconciliables à la Commission. Ce qu’il faut bien comprendre par cette expression c’est que la Commission demeure plus que jamais arc-boutée dans son libre-échangisme et refuse catégoriquement toute forme de protectionnisme écologique et solidaire.

Dans son libre-échangisme maintenu, la Commission prétend néanmoins effectuer une mise à jour en affichant une volonté de réduire ses dépendances stratégiques dans certains domaines. Ces domaines correspondent à 14 “écosystèmes industriels”. Prémisse d’une relocalisation ? Sauf que nous avons déjà un aperçu du type de relocalisation envisagé. Le projet Pluton piloté par Sanofi en est un parfait exemple : créer un “champion européen” permettant d’opérer un véritable saccage social.

Et quoi d’étonnant alors même que la Commission confie la réduction de la dépendance de ces écosystèmes à des partenariats public-privé perdant-gagnant : le public paye ; le privé empoche et pilote. Ce sont les fameuses “alliances européennes” promues par la Commission. Prenons l’exemple d’une alliance récemment lancée, l’alliance européenne pour l’hydrogène propre. Sur le papier ça rend bien non ? Sauf que comme révélé par des ONG comme Corporate Europe Observatory, cette alliance est pilotée par… l’industrie du gaz ! En d’autres termes, en matière de stratégie industrielle pour le développement de l’hydrogène, la Commission laisse l’industrie du gaz dicter ses besoins, met l’argent sur la table, l’industrie fossile empoche et tout ce beau monde déclare que c’est pour la transition verte…

Parce que toute cette stratégie industrielle, ces histoires d’écosystèmes pilotés par des alliances européennes, est censée être au service de la “double transition verte et numérique” promue à longueur de journée par la Commission européenne. Toute la possibilité de cette double transition repose sur une illusion : le découplage entre consommation de ressources naturelles et croissance économique. Illusion pourtant rejetée par l’Agence européenne pour l’environnement au début de l’année.

En réalité la double transition promue par la Commission européenne nécessitera une prédation toujours plus accrue sur les ressources naturelles, notamment les fameux matériaux critiques, et aux dépens des États tiers, notamment en Afrique.

Et ainsi la boucle est bouclée : pour maintenir un capitalisme insoutenable et les profits d’industriels groupés en “écosystèmes”, la Commission met en place une stratégie fondée sur la concurrence généralisée, financée par de l’argent public, pilotée par lesdits industriels. C’est exactement à l’inverse de la logique que nous portons à la France insoumise. Il faut partir de nos besoins désirables, planifier démocratiquement leur satisfaction dans le respect des limites planétaires et de la capacité des écosystèmes à se reconstituer.

Partir de nos besoins désirables pour planifier la bifurcation écologique, c’était notamment le sens de la résolution proposée il y a un an à l’Assemblée nationale par mes camarades Mathilde Panot et Danièle Obono.

Besoins désirables, planification de la bifurcation écologique et sociale, règle verte sont au cœur de la stratégie industrielle que je porte depuis le début de mon mandat. Une stratégie au service des peuples et de la planète, pas du capitalisme vert.

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