L’extrême droite étend son ombre sur l’Union européenne

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Le 1er juillet, la Slovénie a pris pour 6 mois la présidence tournante de l’Union européenne. Le problème : son Premier ministre, un certain Janez Janša, se revendique climatospectique, anti-immigration, pro-armes, misogyne… en bref, un mini Trump ultra conservateur et ​très proche de Viktor Orban à la tête de l’Europe. De quoi donner quelques sueurs froides aux partenaires européens au moment où la Hongrie est au centre de l’attention à cause du passage d’une loi extrêmement discriminante pour la communauté LGBTI.   

Chacun son tour… Pendant six mois, la Slovénie sera à la tête du ​Conseil de l’UE. Une responsabilité institutionnelle d’abord, qui consiste à défendre les positions du Conseil face au Parlement et à la Commission, mais aussi politique puisqu’il s’agit de faire avancer les dossiers en cours et l’agenda stratégique du Conseil. 

Mais le Premier ministre slovène Janez Janša qui prend donc la présidence de l’UE  pour les prochains mois inquiète pour ses positions radicales, lui qui est décrit comme un leader populiste fanatique de Donald Trump. Ce dirigeant politique condamné en 2014 à deux ans de prison ferme pour corruption, voit finalement sa peine annulée après six mois de détention. Il revient alors en politique en faisant prendre un virage particulièrement nationaliste à son parti. En 2018, Janša se démarque par ces discours anti-migrants, contrastant avec la politique pro-européenne du gouvernement de l’époque, qui avait notamment accepté les quotas de migrants en 2015. 

Arrivé en tête des dernières législatives de 2018 avec 25 % des voix, Janša ne parvient à former une coalition que début 2020, en raison de son comportement beaucoup trop clivant pour un paysage politique largement dominé par le centre pro-européen. Depuis, les départs de députés scandalisés se multiplient dans sa coalition, à tel point qu’il a presque perdu sa majorité au Parlement. Le 26 mai 2021, le Premier ministre slovène échappe de justesse à une motion de censure – 42 voix pour, 44 contre. L’opposition, à l’origine du texte, critiquait notamment les pressions de sa part sur l’appareil judiciaire et sur la presse.

Et pour cause : de graves violations de l’État de droit ont lieu en Slovénie. Les réfugiés sont particulièrement ciblés, par le biais d’expulsions collectives contraires au principe de « non-refoulement », qui interdit aux États de renvoyer des personnes dans un pays où elles courent un risque réel de subir de graves violations des droits humains. Le droit de manifester est de plus en plus restreint. 

La presse est quant à elle muselée : Janša mène des campagnes virulentes contre les médias, les censure en coupant leurs subventions, menace les journalistes qui mènent des enquêtes et les empêche de travailler sur des questions telles que les investissements hongrois en Slovénie, le rôle des mouvements d’extrême droite dans le pays et même le soutien de Janša à Trump sur Twitter. Surnommé « Maréchal Twitto », il émet des centaines de tweets par jour ciblant ceux qui émettent des critiques à son égard. Par ailleurs, la concentration des médias est particulièrement importante. Les alliés de Janša détiennent plusieurs médias pro-gouvernementaux, en partie avec l’aide d’investisseurs liés au hongrois et de son grand ami Viktor Orbán. 

Pendant ce temps, la Hongrie cible la communauté LGBTI 

Leader d’extrême droite très controversé, Viktor Orban sape l’indépendance de la justice, la liberté de la presse, et les droits fondamentaux en général. Ces dernières semaines ont été marquées par le passage d’une loi interdisant la « promotion » de l’homosexualité qui assimile dangereusement homosexualité, pédocriminalité et pornographie. Elle stipule notamment que « La pornographie et les contenus qui représentent la sexualité ou promeuvent la déviation de l’identité de genre, le changement de sexe et l’homosexualité ne doivent pas être accessibles aux moins de 18 ans ». 

Cette loi est extrêmement discriminante, car les films, séries ou livres où est représentée l’homosexualité risquent d’être interdits. À titre d’exemple, la télévision privée RTL Klub a assuré qu’elle ne pourrait plus diffuser des films comme Bridget Jones ou Harry Potter avant 22 heures. 

Cette loi, qualifiée de “honte” par Ursula Von Der Leyen, s’inscrit dans une lutte plus globale contre la communauté LGBTI : en mai dernier, la notion traditionnelle de “genre” avait été ajoutée à la Constitution hongroise. La Commission européenne s’apprête à lancer une procédure d’infraction contre la Hongrie. Mais même si la Hongrie pourrait être sanctionné par la CJUE, entre-temps, cette loi aura eu le temps de faire des ravages. Le soutien de Janez Janša à Viktor Orban risque également de compliquer les maigres efforts de la Commission européenne pour faire respecter le socle de valeurs – déjà bien menacé – censé unir les Etats membres.

Manon Aubry s’est exprimé sur cette question dans l’hémicycle.

La majorité des dirigeants européens ont dénoncé cette loi liberticide : 17 pays membres, dont la France, l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie ont écrit une lettre commune interpellant les chefs de l’UE et le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres sur la nécessité de faire respecter les valeurs européennes. Mais en France, une voix soutient Orban… Sans surprise, celle du RN. Marine Le Pen a en effet déclaré “Je pense qu’il ne faut faire la promotion d’aucune sexualité auprès des mineurs”. 

Alliance des partis d’extrême-droite au coeur du Parlement européen

Il faut dire que cette loi s’inscrit dans un contexte de montée généralisée des idées réactionnaires : les discours sécuritaires, autoritaires, xénophobes, homophobes et masculinistes se propagent à une vitesse effrayante.  Le danger de l’extrême droite est réellement à nos portes. 

Plus effrayant encore, seize partis d’extrême droite prévoient de s’allier au Parlement européen, à l’initiative de Matteo Salvini. Cette alliance rassemblerait les deux groupes d’extrême droite existants : Identité et Démocratie et les Conservateurs et réformistes européens, et incluerait même des membres du Parti Populaire européen. Il s’agirait ainsi de la 3e force politique au parlement européen. 

Tout cela est glaçant. Heureusement, les forces progressistes sont présentes pour endiguer cette vague d’extrême droite. Avec nos alliés de la gauche au Parlement européen, nous mènerons  une contre-offensive pour empêcher cette croisade contre les droits humains. 

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