Détresse des afghan.es : l’UE brille à nouveau par son manque de solidarité

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Depuis la prise de Kaboul par les talibans et le départ de milliers d’afghan.es fuyant le régime autoritaire à venir, les dirigeants européens ne semblent avoir qu’une chose en tête : éviter à tout prix que ces derniers n’arrivent en Europe. Si l’horreur de la situation ne semble pas les émouvoir, leur obsession pour la “sécurisation” des frontières à un pareil moment donne des hauts le cœur. D’autant plus lorsque l’on connaît les causes de ce désastre, à commencer par l’impérialisme occidental. 

Après 20 ans de présence militaire en Afghanistan entre 2001 et 2021, les forces américaines se sont retirées du pays le 15 août dernier. Immédiatement, les talibans ont repris le contrôle de la capitale et déclaré le retour de l’Émirat islamique d’Afghanistan, un régime obscurantiste et réactionnaire fondé sur la charia. Le pays risque de connaître un énorme recul sur le plan des droits humains, en particulier pour les femmes afghanes, qui pourraient ne plus avoir le droit de travailler, d’aller à l’école, de sortir sans un homme, être obligées de porter la burqa, et faire face à un danger constant. Craignant pour leur vie, des milliers d’Afghan.es se sont précipités vers l’aéroport de Kaboul pour fuir le pays, déclenchant au passage d’horribles vagues de réactions anti-immigration en Europe. 

Une hostilité glaçante

Face à la détresse de tout un peuple, les dirigeants européens n’ont rien trouvé de mieux que d’exprimer leur hostilité à l’égard de celles et ceux qui pourraient fuir les persécutions dans leur pays. En Pologne et en Hongrie évidemment, mais aussi en Autriche, en Grèce, ou même en France où la première pensée de Macron a été de se “protéger contre les flux migratoires irréguliers importants”. 

Décernons la palme au Premier ministre slovène, qui semble avoir confondu la présidence tournante de l’UE avec un rôle de gardien de forteresse, en déclarant : “L’UE n’ouvrira aucun couloir de migration depuis l’Afghanistan. Ce n’est pas le devoir de l’UE ou de la Slovénie d’aider et de payer tous les gens de la planète qui fuient, au lieu de lutter pour leur pays” avant d’être fermement repris par le Président du Parlement européen. 

Hypocrisie des institutions européennes 

Si Ursula Von Der Leyen a exhorté les Etats membres à accueillir des réfugié.es afghan.es, il ne s’agit que d’une façade. L’UE se prépare en réalité à faire tout l’inverse : les documents officiels révèlent une volonté de renforcer le contrôle des arrivées et de sécuriser les frontières à tout prix. Leur solution miracle : aider financièrement les pays voisins de l’Afghanistan à accueillir les réfugiés et ainsi externaliser l’accueil, à l’image de ce qui se fait déjà en Turquie et en Libye, malgré les nombreuses exactions de ces régimes. 

En bref, au moment où des dizaines de milliers de personnes sont forcées de fuir leur pays, la remise en cause du droit d’asile par les dirigeants européens est dramatique. L’UE a un devoir d’accueil et ne peut se contenter de “sous-traiter” celui-ci en donnant de l’argent aux pays voisins pour ne pas avoir à gérer cette question sur son propre sol. 

Il faut dire que les médias alimentent la psychose autour de la prétendue nouvelle “crise migratoire” et laissent supposer que tous les Afghan.es se dirigeraient vers l’Europe, ce qui est entièrement faux. D’une part, l’ONU s’attend à 500 000 réfugié.es afghans en 2021. Nous sommes donc loin des chiffres de 2015. D’autre part, la grande majorité des réfugié.es qui fuient un conflit se dirigent d’eux-mêmes vers les pays voisins, plus proches de leur culture, de leur langue, de leur famille… Actuellement, 85% des réfugié.es afghan.es sont accueilli.es au Pakistan et en Iran. 

Une lourde responsabilité 

Ces réactions sont d’autant plus cyniques que la situation actuelle résulte de l’impasse de la guerre menée par les Occidentaux en Afghanistan, guerre à laquelle notre mouvement s’est toujours opposé. Pire encore, cette guerre dans laquelle les Européens ont suivi les Etats-Unis d’Amérique a été menée contre des réseaux terroristes précédemment armés, financés et structurés avec l’aide… des Etats-Unis. Le peuple afghan est victime depuis plus de 40 ans des jeux impérialistes des Etats-Uniens et de leurs alliés européens. 

Plutôt que d’honorer la Convention de Genève en organisant l’accueil des réfugié.es, l’Union européenne préfère relancer l’absurde projet de l’Europe de la Défense, c’est-à-dire l’Europe de la Guerre. Au lieu de se coordonner pour ouvrir des couloirs humanitaires aux réfugié.es, les Européens préfèrent se coordonner pour augmenter leur arsenal militaire… A la paix et aux êtres humains, l’UE préfère la guerre et les canons. 

La délégation France insoumise au Parlement européen exige des pays de l’Union européenne qu’ils honorent immédiatement leur devoir d’accueil des réfugié.es, s’engagent dans une politique migratoire humaniste et solidaire, et reprennent le chemin de la paix et du droit international. 

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