Le cancer, un fléau qui touche majoritairement les plus pauvres, ainsi que de nombreux travailleurs qui doivent bénéficier d’une protection !

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Le cancer tue chaque année 1,3 millions d’européen·nes. Sans avancées dans ce domaine, il pourrait augmenter de 24% d’ici 2035 et devenir la première cause de décès dans l’UE. Or dans ce domaine là encore, les inégalités sociales font des ravages : le cancer touche majoritairement les plus défavorisés et parmi les malades, et est plus mortel chez les plus pauvres. Certaines catégories de travailleurs, comme les ouvriers ou les agriculteurs, sont particulièrement exposés à des substances cancérigènes et doivent donc bénéficier d’une protection. Deux textes allant dans ce sens étaient votés cette semaine au Parlement européen. 

En début de semaine était débattue la stratégie européenne de lutte contre le cancer, un sujet d’autant plus important que cette maladie ne cesse de gagner du terrain : au sein de l’UE, un cancer est diagnostiqué toutes les 9 secondes. Pour combattre ce fléau, il est indispensable de renforcer l’inspection et la médecine du travail et de renforcer nos systèmes de santé publics et l’accès aux soins, affaiblis par des décennies de libéralisme et par la pandémie. Il faut également améliorer les conditions de vie et de travail, lutter contre toutes les pollutions, pollutions auxquelles les classes populaires sont les plus exposées (ex : logements sociaux collées à de grands axes routiers ou près d’une usine polluante), bifurquer vers une agroécologie paysanne et interdire les biens de consommation prétendument bon-marché contenant des substances toxiques. 


Un autre facteur est celui de l’accès aux soins. Les classes populaires attendent plus longtemps avant de consulter, ce qui diminue significativement leur espérance de vie en bonne santé, car plus cette maladie est détectée tôt, plus les chances d’en guérir sont hautes. Certains médecins estiment qu’il y a un certain renoncement au soin : “A symptômes équivalents, les personnes de classe sociale plus aisée vont s’alerter très vite. Dans les milieux plus modestes, on a une ‘dureté au mal’, qui fait qu’on attend avant de consulter”. Sans parler des gens qui doivent parcourir des dizaines de kilomètres pour consulter un médecin. La difficulté d’accès aux soins s’est aggravée avec la crise sanitaire. Il est donc urgent de rendre les soins plus accessibles en renforçant nos systèmes de santé publics ! 


En parallèle, on estime que 40% de cancers pourraient être évités. Il faut donc lutter contre les substances toxiques que nous ingérons ou avec lesquelles nous sommes en contact au quotidien (comme les pesticides), faire davantage de prévention sur les comportements qui favorisent l’apparition de cette maladie, et mieux règlementer les processus de production.  En effet, si les causes du cancer sont la plupart du temps mises sur le dos des comportements individuels comme la consommation d’alcool ou le tabagisme, il est essentiel de rappeler la responsabilité des industriels qui perpétuent des processus de production dangereux, afin de dégager davantage de profits, et ont tout intérêt à entretenir l’addiction à des substances dangereuses comme le tabac. De même, il faut rappeler que nombre de cancers ont une origine professionnelle. Ce sont les classes laborieuses  les plus exploitées, comme les ouvriers du BTP et de l’industrie ou les agriculteurs, qui sont les plus exposées à des substances chimiques cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques. 

Alors que la recherche met de plus en plus souvent en évidence le lien entre le cancer et ses causes professionnelles, les travailleurs exposés ne sont que très peu protégés. D’une part, les cancers professionnels sont extrêmement sous-évalués : “les cancers professionnels reconnus et indemnisés ne représentent que 0,5 % des nouveaux cas, ce qui est dérisoire par rapport aux estimations, même les plus basses, de la proportion de cancers liés au travail.” Pourtant, l’enquête nationale de surveillance médicale des expositions des salariés aux risques professionnels a révélé qu’en 2017, 11 % des salariés, soit près de 2,7 millions de personnes, étaient exposés à des substances ou procédés cancérogènes, et ce sans protection pour une grande majorité d’entre eux. Les employeurs échappent donc à leur responsabilité, laissant les travailleurs et leurs familles assumer seuls la charge de la maladie.

Ensuite, les substances reconnues comme cancérigènes sont dérisoires : seule une vingtaine de substances susceptibles de provoquer la maladie sont prises en compte, alors qu’il en existe des centaines, voire des milliers. Pourtant depuis plusieurs décennies les organisations syndicales luttent pour la reconnaissance de toutes les expositions aux substances cancérigènes mais rien n’y fait, l’Etat refuse de les reconnaître mettant en danger la vie de millions de travailleurs. Résultat, moins de 0,1% des substances chimiques industrielles toxiques et des pesticides sont limitées ou interdites par des instruments mondiaux. Par ailleurs, les travailleurs sont souvent exposés à une multitude d’agents dont les effets se combinent (effet cocktail).

Il est fondamental de garantir aux travailleuses et travailleurs partout en Europe un environnement de travail sain et sûr ! Nous avons donc voté en faveur du rapport au Parlement européen, qui invite à mieux les protéger en introduisant de nouvelles substances toxiques à éviter, met à jour les limites d’exposition de substances déjà présentes et pose des jalons pour une nouvelle révision dans un futur proche. Mais nous ne comptons pas en rester là et nous veillerons à ce que les politiques de santé et sécurité au travail soient toujours au cœur du débat public, car aucun travailleur ne doit perdre la vie en essayant de la gagner !

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