Nos droits ne sont pas négociables. Certains semblent mal comprendre le message, mais la colère gagne de plus en plus de femmes qui s’élèvent contre cette société patriarcale. Encore en 2022, la violence à l’égard des femmes constitue l’une des violations des droits humains les plus répandues et les plus dévastatrices au monde. Elle demeure aussi l’une des moins signalées en raison de l’impunité et de la stigmatisation qui l’entourent. Les formes de violences sont nombreuses: violences conjugales, harcèlement de rue et au travail, viols et agressions sexuelles, esclavage, mutilations génitales, mariages forcés… Les conséquences de ces violences sur le plan psychologique, sexuel et génésique sont dévastatrices et chaque jour, les femmes sont entravées dans leurs droits fondamentaux. Cette réalité doit changer, et vite. Spoiler alert : ce ne sont pas les belles paroles qui changeront la vie de toutes ces femmes, mais bien un cadre législatif protecteur, des moyens financiers et humains, des mesures concrètes dans tous les domaines de la société, à commencer par l’éducation.
Des inégalités économiques et sociales toujours criantes
Les droits des femmes progressent bien trop lentement au sein de l’UE. D’un point de vue socio-économique tout d’abord, le chômage et la pauvreté touchent plus les femmes que les hommes, les inégalités de salaires sont toujours de l’ordre de 13% dans l’UE, les temps partiels sont principalement occupés par des femmes et les métiers féminisés sont les moins valorisés par la société alors même qu’ils sont les plus essentiels. La crise sanitaire l’a démontrée : qu’aurions nous fait sans toutes ces infirmières, sage-femmes, caissières, nourrices, femmes de ménage… ?
Par ailleurs, les femmes peinent à accéder à des postes clés, souvent injustement réservés aux hommes. Cela est notamment le cas en politique : dans les parlements nationaux de l’UE, seuls 28,6 % des élus étaient des femmes en 2020, selon la Fondation Robert Schuman. Dans les entreprises privées, c’est la même chose : la proportion de femmes à des postes importants est extrêmement basse. Dans l’imaginaire collectif, les cadres sont des hommes. Il suffit de taper “PDG” sur Google images pour se rendre compte de la situation. Or la parité n’est pas une option, elle doit être respectée partout et les organisations passant outre doivent être durement sanctionnées. Elle doit aussi s’accompagner du droit à chacune à un environnement de travail exempt de violence et de harcèlement. Cette lutte pour éradiquer toutes les formes de violences sexistes dans le monde du travail a donné lieu à une première norme internationale: le Convention 190 de l’OIT. Alors que 818 millions de femmes sont victimes de harcèlement au travail, il est urgent d’accélérer la ratification par les Etats de ce traité mondial .
Dans la sphère privée, inégalités et violences persistent
Les inégalités femmes / hommes ne s’arrêtent évidemment pas là mais s’étendent à toutes les sphères de la société. En moyenne dans l’UE, 79 % des femmes s’occupent des tâches ménagères chaque jour, contre seulement 34 % des hommes. Cela engendre une charge mentale très importante, bien trop souvent sous-estimée.
Toujours dans la sphère privée, les violences physiques et les féminicides restent extrêmement fréquents. En France, une femme est assassinée tous les 3 jours par son conjoint ou son ex-conjoint, et ce qui devait être la grande cause du quinquennat n’est qu’un échec aussi bien au niveau national qu’européen, que les associations féministes qualifient même d’escroquerie. Pour réellement lutter contre ces violences, nous nous joignons à leur demande de consacrer un milliard à l’égalité femmes / hommes, ce qui permettrait notamment d’allouer des places d’hébergement, de créer des postes de psychologues pour permettre aux victimes de violences de suivre une thérapie, de former les policiers à agir en amont et à prendre les plaintes…
Au niveau européen, nous bataillons pour l’application effective de la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, notamment en accordant à toute personne subissant des violences domestiques une allocation d’autonomie et un logement (ainsi qu’un titre de séjour pour les personnes étrangères) d’une durée suffisante pour se protéger et retrouver ou accéder à l’autonomie. Tous les États-membres qui ne l’ont pas encore fait doivent ratifier ce texte !
Stop au harcèlement et à la double peine !
Concernant les violences sexistes et sexuelles, le mouvement #MeToo a permis d’ouvrir les yeux du monde sur l’ampleur des violences que subissent les femmes au quotidien telles que le harcèlement dans un lieu public, les agressions sexuelles ou les viols. Lorsqu’elles vont porter plainte, une très grande partie d’entre elles se heurte à la violence d’un système policier et juridique lui aussi violent, qui remet sans cesse leur parole en question, voire les culpabilise et laisse entendre que leur comportement aurait provoqué de tels actes : c’est la double-peine.. Portant, le seul responsable d’une agression, c’est l’agresseur, et aucune autre raison ne peut venir justifier ou amoindrir les faits. Il est temps que les mentalités changent partout en Europe.
Les droits sexuels et reproductifs en recul
Les droits sexuels et reproductifs sont quant à eux en net recul dans certains pays européens comme la Pologne, qui a récemment interdit l’IVG. Dans le monde, une femme meurt toutes les 9 minutes d’un avortement clandestin. Au sein de l’UE, certaines sont obligées de changer de pays pour avoir recours à une interruption de grossesse. Il est intolérable que le droit fondamental à disposer de son corps soit sans cesse remis en cause. Mais au lieu de faire pression sur les pays qui piétinent ce droit fondamental, les socialistes, les libéraux et les conservateurs européens se sont récemment alliés pour faire élire une conservatrice anti-IVG à la tête du Parlement européen. Un scandale que notre délégation a largement dénoncé, tant il envoie un mauvais signal au moment même où des européennes se battent pour ce droit si essentiel.
Aucune évolution sociétale ne pourra advenir sans que les droits des femmes soient placés au cœur de l’activité politique. Il est temps de se donner les moyens humains et financiers pour défendre les droits des femmes et obtenir de nouveaux droits !