L’eau, source de notre humanité

Inscrivez-vous ci-dessous pour vous abonner à notre newsletter

La journée mondiale de l’eau est l’occasion de rappeler à quel point cette dernière est précieuse, fragile, et demeure la source de toute vie sur Terre. Si la planète bleue est en majorité composée d’eau, cela ne signifie pas pour autant que cette ressource est illimitée, bien au contraire. Aujourd’hui et partout à travers le monde, l’eau manque. Fragilisée par la pollution, la surexploitation et les tentatives de spéculation des acteurs financiers, l’eau est aujourd’hui une ressource en danger.

L’eau est la base de la sécurité alimentaire mondiale

La sécurité alimentaire mondiale ne peut être garantie que si elle s’accompagne d’une sécurité d’approvisionnement en eau. L’ONU estime “qu’un niveau élevé à très élevé de pénurie d’eau ou de rareté de l’eau touche actuellement quelques 3,2 milliards de personnes vivant en milieu rural, et que plus de 170 millions d’hectares, soit plus de 60% des terres cultivées irriguées, sont soumis à un stress hydrique élevé.” 

Au niveau mondial, seuls 10% de la consommation d’eau est destiné à des usages personnels ou domestiques. 70% de la consommation est destinée à l’agriculture et 20% à des usages industriels ou à la production d’électricité.  Mais alors que la science prévoit que la population mondiale augmentera jusqu’à atteindre 9 milliards d’individus sur Terre d’ici à 2050, la raréfaction de cette ressource risque de mettre en danger des milliards d’êtres humains : l’eau, au-delà de nos besoins humains vitaux, qui déjà dans certaines zones sont limités, est essentielle à la production alimentaire de la planète

L’agriculture est en effet le premier secteur consommateur d’eau sur Terre, mais actuellement, son utilisation est pensée comme une ressource illimitée : elle est gaspillée et polluée par l’agriculture intensive qui puise dans les réserves terrestres : le pompage agressif des eaux souterraines pour l’irrigation assèche les nappes phréatiques, et ce n’est pas tout: l’agriculture reste l’une des principales sources de pollution des eaux via le ruissellement des engrais, l’utilisation de pesticides et les effluents d’élevage.

La sécurité alimentaire mondiale dépend aussi fortement du changement climatique. Le réchauffement accentue le nombre de zones touchées par d’intenses sécheresses qui empêchent les humains de continuer de cultiver les terres. Famines et manque d’eau touchent des populations déjà fragilisées par la pauvreté, tandis qu’elle est allègrement gaspillée dans d’autres parties du monde par les riches !

Les riches polluent et spéculent sur l’eau

Au même titre que le maïs, le blé ou le riz, l’eau est devenue, depuis le 7 décembre 2020, un actif financier comme les autres”, explique Politis en 2021, alors que l’eau a fait son entrée en Bourse. Surnommé l’or bleu, l’eau est désormais reléguée à un simple produit de consommation destiné à rendre les riches encore plus riches, qu’importe le fait que des millions d’êtres humains puissent en manquer. L’enjeu central de ce nouveau jeu lugubre ? Spéculer sur la valeur supposée d’un indice dans le futur. Les puissants ne rechignent jamais à tenter de mettre la main sur les richesses qui appartiennent à tous, toujours la même poignée qui se gavent sur le dos du grand nombre.

C’est d’ailleurs bien souvent les profiteurs de misère qui font de grands discours moralisateur sur la responsabilité individuelle de chacun.e dans la crise climatique que nous vivons. Si ce sont les premiers à dénoncer, ce sont surtout les derniers en matière de respect de l’environnement. On ne compte plus les scandales des grandes entreprises polluantes qui déversent leurs produits chimiques dans les rivières, comme le cimentier Lafarge qui, l’an dernier, a été épinglé pour avoir déversé des tonnes de béton dans la Seine. Sans oublier Lactalis, qui d’après une enquête de Disclose, pollue depuis plus de 10 ans les cours d’eau français avec pas moins de 38 usines qui violent le code de l’environnement. Pesticides, bétons, médicaments, déchets d’usine, produits toxiques… Les rivières, mers et océans sont devenus les déchetteries à ciel ouvert des multinationales, et il est grand temps de mettre un terme à ces comportements de punir les acteurs responsables des désastres environnementaux qui leur incombent.

Protégeons le bien commun de l’humanité

L’eau, qui à la base est un phénomène naturel, devient petit à petit un phénomène politique, au cœur des conflits quand elle vient à manquer, et qui réveille l’appétit financier sans fin des profiteurs de crise. Elle est donc un enjeu central pour l’humanité, autant sur le plan écologique que sur le plan social. La sobriété dans l’utilisation de la ressource est essentielle, nous devons mettre un terme à l’agriculture intensive et favoriser les productions bio et locales, ainsi que la bonne gestion de l’eau pour assurer une sécurité alimentaire.

L’eau doit aussi être accessible à toutes et tous, en cela elle doit être gérée par la collectivité publique et non les grands groupes privés tels que Véolia ou encore Suez : arrêtons de privatiser des secteurs essentiels à nos vies ! Nous devons aussi nous assurer que les multinationales, responsables de la majeure partie de la pollution de l’eau, soient tenues responsables de leurs actes. A l’échelle européenne, le devoir de vigilance défendu par Manon Aubry est une pierre essentielle à l’édifice. Aussi, il est urgent de soutenir les Outre-mer comme le défend Younous Omarjee, et autres régions dans le monde où l’eau est difficile d’accès pour les populations, notamment à cause des structures vieillissantes qui manquent d’investissements. Chaque espace géographique doit bénéficier de structures neuves et fonctionnelles pour un accès à l’eau digne. 

Enfin, il faut sortir l’eau de la bulle spéculative ! Cette ressource propre à toute vie sur Terre n’est pas un produit de consommation quelconque et n’a pas à enrichir ceux-là même qui la polluent ! Il faut s’assurer que l’eau soit protégée via une coopération internationale qui interdisent aux pays d’en faire un bien de marché. 

Plus d'articles

Démantèlement de Fret SNCF : la bombe climatique

L’Alliance écologique et sociale publie une étude sur le risque de hausse du trafic routier que va engendrer le démantèlement de Fret SNCF enclenché par le gouvernement en mai dernier. En fonction des différentes hypothèses, ce serait entre 300 000 et 520 000 poids lourds supplémentaires sur les routes de France par an.