đŸ“ș L’UE doit assurer notre souverainetĂ© alimentaire

Emmanuel Maurel intervenait en commission INTA sur l’agriculture europĂ©enne. La protection de l’agriculture europĂ©enne face Ă  la concurrence mondiale est essentielle Ă  la transition vers un systĂšme alimentaire plus sain. Il serait intolĂ©rable d’imposer des rĂšgles strictes Ă  nos producteurs et de ne pas soumettre leurs concurrents aux mĂȘmes rĂšgles!

Vous trouverez ci-dessous le texte de son intervention.

Seul le prononcé fait foi.

La politique commerciale de l’Union europĂ©enne doit respecter les engagements pour une transition vers des systĂšmes agroalimentaires plus durables, pour le respect de l’accord de Paris, le Green Deal et la protection des consommateurs europĂ©ens. Les propositions que vous formulez dans cet avis me paraissent aller dans le bon sens mais je n’en partage pas tous les prĂ©supposĂ©s idĂ©ologiques, au premier rang desquels l’idĂ©e selon laquelle nous pourrions continuer d’approfondir la mondialisation de l’agriculture.

Certes, comme vous, je pense que les agriculteurs, les pĂȘcheurs et les aquaculteurs europĂ©ens doivent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des acteurs clĂ©s. Afin d’assurer leur protection et leur compĂ©titivitĂ©, des mesures d’accompagnement et de financement supplĂ©mentaires s’imposent, pour promouvoir davantage une agriculture de qualitĂ©, redonnant confiance et fiertĂ© Ă  un monde en souffrance.

Vous revenez ensuite dans votre avis sur le risque d’un dĂ©savantage concurrentiel pour notre agriculture, en l’absence de convergence mondiale des normes.

Il est en effet nĂ©cessaire que la stratĂ©gie “de la Ferme Ă  la Table” impose clairement nos normes aux importations agroalimentaires. Il ne serait pas tolĂ©rable d’imposer des normes strictes Ă  nos propres producteurs, et de ne pas soumettre leurs concurrents aux mĂȘmes rĂšgles.

À titre d’exemples Ă©vocateurs, nous attendons encore les rĂ©ponses de la Commission au sujet des dĂ©faillances constatĂ©es dans la traçabilitĂ© du bƓuf canadien, autorisĂ© Ă  rentrer en Europe via le CETA. De mĂȘme nous pensons qu’il n’est pas pertinent de poursuivre des nĂ©gociations commerciales avec la Nouvelle ZĂ©lande, dont la filiĂšre ovine pourrait mettre en danger la nĂŽtre.

Mais Ă  mon sens, une Ă©quivalence des normes ne suffira pas. Je pense que l’agriculture europĂ©enne doit assurer notre souverainetĂ© alimentaire et que toute nouvelle insertion dans un systĂšme globalisĂ© nous empĂȘchera d’y parvenir. Si nous poursuivons notre politique de libre-Ă©change et son corollaire inĂ©vitable, Ă  savoir l’abaissement des normes agro-chimiques, toutes nos « stratĂ©gies Â» resteront dans l’ordre de l’incantation.

Ainsi, notre groupe privilĂ©giera la protection de nos agriculteurs face Ă  la concurrence mondiale. C’est Ă  nos yeux une question centrale et nous y serons particuliĂšrement vigilants dans les prochaines semaines. Comme nous serons vigilants sur la traçabilitĂ© des produits venant hors de l’Union, sur leur composition et sur leur impact environnemental. C’est Ă  ce prix que les consommateurs seront rassurĂ©s et surtout mieux nourris. Et c’est Ă  ce prix aussi, que sera prĂ©servĂ© notre Ă©cosystĂšme commun.

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