Tribune publiée dans Libération le 08/03/2021 et cosignée par Manon Aubry, Leïla Chaibi et Anne-Sophie Pelletier.
A l’image du «squad» autour d’Alexandria Ocasio-Cortez, Ilhan Omar, Ayanna Pressley et Rashida Tlaib aux Etats-Unis, les femmes de La France insoumise se regroupent pour défendre un avenir en commun résolument féministe.
par Un collectif de femmes de la France Insoumisepublié le 8 mars 2021 à 10h25
«Petite conne», «folle», «poissonnière», «faire-valoir». L’univers politique et médiatique persiste à mépriser les femmes et les traiter en subalternes, de potiches ou d’hystériques. Nous avons conquis le droit de vote et de représenter le peuple, mais on voudrait encore que nous restions silencieuses. Nous sommes 51% de la population mais dans les médias, en 2020, les femmes n’ont représenté que 31% des invitées politiques, un chiffre qui est même en recul par rapport à 2019. Notre parole n’est pas seulement méprisée ou dénigrée, elle est souvent invisibilisée, y compris par les garants théoriques de la diversité et de l’équilibre du débat public.
Pourtant en 2020, nos luttes se sont fait une place dans la sphère politique et médiatique. La pandémie a rendu visibles les premières de corvée qui ont été en première ligne face à la crise. Aides-soignantes, infirmières, caissières, assistantes maternelles, aides à domicile, travailleuses du soin et du lien qui se sont acharnées à faire tenir debout la société au péril de leur santé et malgré des salaires de misère.
Loin de se résigner à ce sort, les femmes, dans les luttes sociales comme en politique, veulent se faire entendre. En France, ce sont les femmes qui étaient en première ligne dans les manifestations pour l’hôpital, dans les hôtels, dans la grande distribution, dans les Ehpad. Nous exigeons avec elles toutes des conditions de travail décentes, dignes et de meilleurs salaires.
Nous avons sonné l’alarme alors que la crise atteignait les femmes dans leur intégrité physique et psychologique, leur charge mentale et domestique, que le confinement faisait exploser les violences conjugales. Et notre parole peut être forte et victorieuse : notre mobilisation a sauvé le numéro d’écoute du 3919 de la privatisation. Nous étions aux côtés des vagues successives MeToo qui ont percé le mur médiatique malgré la pandémie. Et a fait tomber de leur piédestal des intouchables qui n’avaient, eux, jamais rencontré de difficultés pour accéder à la parole publique.
Ces luttes qui sont les nôtres sont de plus en plus sur le devant de la scène. Alors pourquoi sont-elles commentées principalement par des hommes ? La campagne présidentielle qui s’ouvre doit apporter des réponses aux défis qui sont les nôtres et nous n’attendrons pas la permission pour nous faire une place médiatique et défendre un avenir en commun résolument féministe.
C’est pourquoi nous lançons un collectif de femmes politiques insoumises pour défendre cette ambition commune. Pour notre mouvement, 2022 sera féministe ou ne sera pas. A l’image du «squad» autour d’Alexandria Ocasio-Cortez, Ilhan Omar, Ayanna Pressley et Rashida Tlaib aux Etats-Unis, nous puisons notre inspiration dans ces femmes qui ont fait du collectif et de la diversité leur force et nous créons «la bande des femmes insoumises». Des Polonaises aux Argentines, en passant par les Indiennes, les Kurdes ou les Algériennes, les mobilisations féministes ont prouvé ces dernières années leur incroyable vitalité. Et la nécessité d’envahir le champ politique.
Nous revendiquons notre appartenance à cette dynamique de collectifs solidaires qui amène d’autres discours, d’autres pratiques, d’autres histoires et d’autres parcours. Nous sommes pour un féminisme radicalement social, anti-raciste et anti-LGBTI+ phobies. Nous sommes pour une mobilisation générale contre la brutalité, la précarité et les violences du monde libéral qui privent tant de citoyennes d’une existence politique.
Cette semaine, nous serons les seules porte-parole de La France insoumise dans les médias. Nous sommes là, nous avons des choses à dire, à analyser, à proposer et il faut nous entendre. Nous nous sommes unies, nous sommes déterminées, nous sommes prêtes à gouverner. Et nous devons être nombreuses à nous regrouper autour de ces combats. Que vous le souhaitiez ou non, il faudra compter sur nous !
SIGNATAIRES :
• Nadège Abomangoli, vice-présidente du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, conseillère municipale de Pantin
• Farida Amrani, conseillère municipale de la ville d’Evry Courcouronnes
• Manon Aubry, députée européenne et co-présidente du groupe de la Gauche au parlement européen
• Clémentine Autain, députée, tête de liste aux élections régionales d’Ile De France
• Evelyne Becker, conseillère municipale
• Martine Billard, ancienne députée
• Leila Chaibi, députée européenne
• Sophia Chikirou, candidate élection régionale IDF
• Véronique Danet, conseillère municipale à Goussainville
• Caroline Fiat, députée
• Julie Garnier, oratrice nationale de la France insoumise, cheffe de file 77, régionales 2021
• Raquel Garrido, candidate élection régionale IDF
• Clémence Guetté, CO-Responsable du programme de la France Insoumise
• Pamela Hocini, militante FI, cheffe de file a l élection régionale pour la section du val d’Oise
• Sarah Legrain, Oratrice nationale
• Emilie Marche, conseillère régionale LFI d’Auvergne Rhône Alpes
• Myriam Martin, conseillère régionale Occitanie
• Marina Mesure, Cheffe de file Fi aux élections régionales en PACA
• Alexandra Mortet, Cheffe de file de La France insoumise dans le Val-de- Marne pour les élections régionales
• Sabrina Nouri, co-animatrice Livret Égalité Femmes Hommes FI
• Danièle Obono, députée
• Mathilde Panot, vice-Présidente du groupe La France Insoumise à l’Assemblée nationale
• Anne Sophie Pelletier, députée européenne
• Muriel Ressiguier députée
• Jill-Maud Royer, candidate aux élections régionales, militante trans et féministe
• Sabine Rubin, députée
• Danielle Simonnet, conseillère de Paris et oratrice nationale de la FI
• Bénédicte Taurine, députée