Le mot amiante vient du grec Asbestos « qui ne se consomme pas ». Des millénaires avant notre ère les Grecs avaient donc compris les valeurs miraculeuses de cette matière indestructible.
Et pourtant comme dans toute tragédie grecque qui fait que la fin est déjà écrite au commencement ; c’est cette propriété miraculeuse, son application partout dans la construction, qui fait que les hommes et femmes ayant respirés cette matière sont à termes condamnés, le corps n’arrivant pas à chasser ce corps étranger.
Malgré son interdiction européenne en 2005 la tragédie des morts de l’amiante suit donc son cours, restant la première cause de décès liés à des maladies professionnelles. Plus inquiétant, alors que les causes de décès à une exposition directe à l’amiante sont censées baisser, nous voyons monter les cas de mésothéliomes pourtant directement liés à cette matière, chez des personnes qui n’ont pas été exposées professionnellement mais tout simplement en ayant vécu ou étudié dans des bâtiments amiantés.
Voilà pourquoi, dès 2013 le Parlement européen avait demandé à aller plus loin en demandant une stratégie globale de lutte contre l’exposition à l’amiante, suivit en 2015 par le Comité économique et social européen. Or entretemps rien n’a été fait.
C’est pourquoi le rapport que je présente part de ce texte de 2013 pour en préciser concrètement l’application pour réduire le plus possible le risque d’exposition des personnes vivant dans des bâtiments amiantés ou les utilisant sans le savoir.
Notre approche se fonde sur deux piliers : dépistage et enregistrement.
Le dépistage doit nous permettre de savoir où est l’amiante : il doit être effectué par des professionnels qui permettront d’émettre un diagnostic de la présence du risque d’amiante et être suivi d’une action pour réduire le risque présenté par l’amiante.
Il sera accompagné d’un certificat détaillant le risque et l’action engagée pour limiter ce risque. Ainsi avant l’achat ou la location, les consommateurs pourront savoir ce dans quoi ils s’installent. C’est donc une protection, vitale, du consommateur.
L’enregistrement vise à créer une base de données nationales, ou régionales -aux États de décider-, alimentée par les certificats. En sachant où est l’amiante ; dans quels bâtiments, sous quelle forme, dans quoi elle se cache, nous nous donnons une compréhension globale du problème et donnons un autre outil aux consommateur pour se protéger.
Ainsi avant d’engager ou de faire engager des travaux ils pourront toujours consulter ce registre pour effectuer ces travaux de façon informée, peut-être avec un surcout (qu’on estime autour de 20% en moyenne) mais proprement. Pour eux, comme pour leurs voisins. La vague de rénovation thermique qui s’annonce nous donne justement une opportunité, comme elle nous oblige également, à faire ces diagnostiques avant d’engager ces travaux nécessaires pour entamer notre transition écologique.
Par ce texte, je veux que nous puissions donner aux habitants et utilisateurs de ces bâtiments une protection supplémentaire, à travers toute l’Europe, contre un risque bien établi mais difficile à saisir. Je pense d’ailleurs que c’est une des forces de la commission IMCO : agir concrètement pour protéger les consommateurs. Aussi, ne passons donc pas à côté de cette occasion pour faire mentir le destin et sauver des vies.
Anne-Sophie Pelletier