L’extension du marchĂ© carbone au transport aura une consĂ©quence directe : ça deviendra plus cher de faire son plein, pĂ©nalisant ainsi ceux qui n’ont d’autre choix que d’utiliser la voiture. La Commission europĂ©enne persiste et signe : Ă l’irresponsabilitĂ© climatique, elle ajoute l’injustice sociale.
La Commission a prĂ©sentĂ© hier son « paquet climat », appelĂ© « Fit for 55 ». 12 propositions censĂ©es mettre en Ćuvre les objectifs de la loi climat europĂ©enne et son objectif (insuffisant je le rappelle) de rĂ©duction des Ă©missions de gaz Ă effet de serre de 55% pour 2030.Parmi la douzaine de dossiers prĂ©sentĂ©s, il y en a un qui fait couler beaucoup dâencre : câest lâinclusion du transport routier au marchĂ© carbone.
ConcrĂštement, les fournisseurs de carburants, comme Total ou Esso achĂšteront des quotas pour pouvoir vendre leur carburant.Comme cela se fait systĂ©matiquement, ils rĂ©percuteront ensuite cette augmentation des coĂ»ts. Autrement dit, ça deviendra plus cher de faire son plein.Il y a presque trois ans maintenant, le mouvement des Gilets Jaunes naissait prĂ©cisĂ©ment Ă cause dâune augmentation du prix de lâessence.
CâĂ©tait un mouvement contre les inĂ©galitĂ©s, contre le fait de faire payer aux plus dĂ©favorisĂ©s les consĂ©quences de la crise.Visiblement, la Commission nâa pas retenu la leçon et veut continuer dans la mĂȘme impasse : prendre Ă ceux qui en ont le moins sans remettre en cause le pouvoir des puissants. De plus, la Commission ne prĂ©voit aucunes alternatives : ni augmentation de lâoffre de transport en commun, ni facilitation d’achat d’un vĂ©hicule Ă©lectrique.Ce nouveau marchĂ© ne permettra aucune rĂ©duction significative des Ă©missions de gaz Ă effet de serre et pĂ©nalisera gravement les mĂ©nages, notamment les plus prĂ©caires avec lâaugmentation des coĂ»ts du carburant.
Les citoyens payent, les pollueurs empochent.Alors que lâobjectif de rĂ©duction des Ă©missions de gaz Ă effet de serre pour 2030 est dĂ©jĂ largement en dessous des prĂ©conisations de la communautĂ© scientifique, il faut sortir de ces logiques de marchĂ©, et planifier la bifurcation Ă©cologique et sociale : protection des biens communs (forĂȘts, ocĂ©ans, eau…), rĂšgle verte, Ă©radication de la pauvretĂ© Ă©nergĂ©tique, politique agricole et alimentaire fondĂ©e sur lâagriculture paysanne, locale, biologique, respectueuse du bien-ĂȘtre animal, fin du grand dĂ©mĂ©nagement du monde…
Les solutions existent, câest bien la volontĂ© politique qui nâest pas au rendez-vous. Face Ă la triple urgence climatique, environnementale et sociale, la Commission choisit le camp du marchĂ© aux dĂ©pens de lâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral humain.