Emmanuel Macron, l’UICN et les réalités écologiques

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Emmanuel Macron est déjà connu pour son incapacité à envisager la lutte contre le réchauffement climatique et pour la protection de la biodiversité au-delà des logiques de marché. Au niveau européen comme en France, Macron et son mouvement politique sont de fervents défenseurs de la marchandisation de la nature et de la financiarisation de la pollution. C’est cette même logique que l’on retrouve dans le paquet climat de la Commission européenne, ensemble d’une quinzaine de règlements et directives censés répondre à l’urgence climatique. De l’Union européenne à Macron, la lutte écologique ne semble être finalement l’objet que de mots envers les citoyens, et de nouveaux maux pour l’environnement.

Macron et l’UE, champions du climat ?

Alors que les citoyens de la convention pour le climat lui ont décerné une note de 3,3/10 pour sa Loi Climat, Emmanuel Macron n’en démord pas, il se veut champion de la Terre ! Macron comme la Commission racontent à qui veut bien l’entendre que les plans de relance européens font une part belle à la lutte contre le réchauffement climatique et à la protection de la biodiversité. Le Haut Conseil pour le climat calcule pourtant qu’en France 70% des mesures de ce plan vont à l’encontre du climat et de la biodiversité, quand la protection de la biodiversité ne bénéficiait elle que de 0,25% du plan de relance et 0,14% du budget de l’Etat selon le Conseil économique, social et environnemental.

Alors que débutait hier le Congrès mondial de la nature de l’UICN, et après des mois de greenwashing, Emmanuel Macron s’offre une tribune pour se revendiquer à nouveau leader mondial de l’écologie. Parmi ses mesures phares, la création de 30% d’aires protégées au niveau mondial. D’apparence, cette mesure semble bienvenue au regard des dégradations répétées que connaissent les espaces naturels mondiaux, mais aussi face à l’urbanisation croissante des territoires et à la gestion peu durable que le système capitaliste invite à faire de nos ressources naturelles. C’est d’autant plus pertinent qu’il est très probable que la pandémie du COVID-19, comme d’autres épidémies, ait été causée par des atteintes à la biodiversité. Pourtant, en réalité, la création de 30% d’aires protégées s’apparente davantage à une forme de colonisation écologiste, qu’à une réelle protection de nos communs.

Les aires protégées, un colonialisme de notre temps

Là où des espaces naturels ont été créés en Afrique, en Amérique et en Asie, les populations y vivant en sont expulsées, souvent de manière violente par les gouvernements et certaines ONG bien connues telles que WWF, la WCS et African Parks. C’est ce que dénonce l’ONG Survival au travers d’un contre-sommet qui se tient en ce moment : “Ils qualifient les terres volées “d’aire protégée » ou de “parc national” et empêchent les habitants originaux d’y pénétrer, parfois en ayant recours à un niveau de violence choquant. Alors que les touristes et d’autres étrangers y sont accueillis, les écogardes et les gardes des parcs brûlent les maisons des populations locales, volent des biens et vandalisent les propriétés ; ils frappent, torturent, violent et tuent les populations locales en toute impunité.”.

Là où les populations autochtones sont autorisées à rester, elles se voient interdites de maintenir leur économie de subsistance : cueillette, pastoralisme, ou encore chasse quand les touristes étrangers sont bienvenus pour pratiquer la chasse sportive. Après leur expulsion, les autochtones peuvent se voir offrir des postes de guide touristique, charpentier, cuisinier pour les touristes sans considération aucune pour leurs pratiques culturelles et leur mode de vie. Les gardes armés présents aux abords des réserves s’assurent que les populations expulsées, qui souhaiteraient revenir sur leurs terres ancestrales ou qui tenteraient de s’y alimenter, restent bien à l’écart de leur territoire.

C’est d’autant plus tragique que cette idée est contre-productive : il est prouvé que les peuples autochtones sont les plus à même de gérer de manière responsable les espaces naturels sur lesquels ils vivent. Les peuples autochtones ont longtemps assuré eux-mêmes l’intendance des espaces au sein desquels ils évoluent. Ainsi, 80% de la biodiversité se trouve aujourd’hui sur les territoires des peuples autochtones, qui ne représentent pourtant que 5% de la population mondiale, ce qui est un signe assez probant de leur bonne gestion des espaces naturels. En 1992, le sommet de la Terre de Rio de Janeiro reconnaissait déjà les compétences et pratiques ancestrales des autochtones pour la gestion des ressources naturelles. Là où leurs droits humains et fonciers sont reconnus, les résultats en termes de conservation du patrimoine naturel sont aussi élevés, sinon supérieurs à ceux obtenus par les politiques de protection de la nature, et ce pour un coût bien moindre. Pourtant, les populations autochtones vivant dans ces espaces sont considérées comme un danger potentiel pour la biodiversité avec laquelle elles vivent pourtant en harmonie depuis des générations.

Au-delà de cette pratique néocoloniale que porte Emmanuel Macron – à la tête d’une coalition de plus de 70 pays, la mise sous cloche de certains espaces naturels et les nombreuses promesses de Macron et de l’UE ne sont pas en mesure d’apporter une réponse efficace aux enjeux climatiques et au déclin de la biodiversité. Il est temps de s’attaquer aux causes structurelles des problématiques climatiques et écologiques ! Problème pour Macron et l’UE, cela reviendrait à remettre en cause les sacro-saint marchés et capital, pourtant responsables de bien de nos maux. Ces derniers préfèrent “protéger” les espaces pouvant capturer le carbone et restaurer cette capacité pour les espaces qui ont été endommagés, plutôt que de mettre un coup d’arrêt à la combustion d’énergies fossiles, première cause de réchauffement climatique.

Alors que le Parlement européen se positionnera dans les prochains mois sur le Paquet climat proposé par la Commission, il n’y aucun doute sur le fait que celui-ci ne répondra pas de manière efficace à l’urgence climatique, car l’UE et ses dirigeants peinent à comprendre que le système capitalisme qu’ils s’évertuent à maintenir, est un danger tout autant pour les êtres humains que pour nos écosystèmes. La délégation France insoumise sera attentive à ce que les politiques écologiques européennes proposent de réelles réponses à l’urgence qui est devant nous, et qu’à défaut, elles ne constituent pas un nouveau transfert des ressources publiques vers les multinationales, au détriment des citoyens.

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