Aujourd’hui, les eurodéputé·es votaient pour élire le ou la prochain·e président·e du Parlement européen, dont le rôle est de diriger les activités du Parlement, de le représenter face aux autres institutions européennes, et de modérer les débats. Suite à des accords obscurs passés entre les socialistes, Renaissance et la droite européenne, c’est l’élue maltaise du PPE Roberta Metsola, connue pour ses positions anti-IVG qui a été élue. Quarante-deux ans après l’élection de Simone Veil à la tête de ce même Parlement européen, cette élection est un scandale et envoie un très mauvais signal pour les droits des femmes.
Une énième élue PPE à la tête d’une institution européenne
Tous les deux ans et demi, en début et au milieu de la législature, une élection pour définir la nouvelle Présidence du Parlement européen a lieu. Depuis le début du présent mandat, c’est l’italien David Sassoli qui occupait ce poste. Alors que son mandat touchait à sa fin, David Sassoli est décédé le 11 janvier dernier des suites d’une maladie grave. La plénière de janvier est donc en partie consacrée à l’élection de son ou sa successeur·e : ce matin, les eurodéputés votaient à Strasbourg, à bulletin secret, pour choisir le ou la candidat·e de leur choix.
Trois candidates étaient déclarées : Roberta Metsola, candidate maltaise du PPE, mais aussi l’Espagnole Sira Rego candidate de notre groupe de La Gauche et la Suédoise Alice Bah Kuhnke pour les Verts. Ni les groupe Renew (les libéraux), ni le groupe S&D (les socialistes) n’ont présenté de candidat·e, préférant passer un accord avec le PPE en début de mandature pour que se succèdent à la présidence du Parlement un socialiste puis un conservateur pour la deuxième partie du mandat. Vous avez bien lu, plutôt que de soutenir la candidate de la Gauche ou des Verts, les Socialistes ont préféré négocier des arrangements en échange de leur vote en faveur d’une conservatrice, qui plus est connue pour ses positions anti-IVG.
Alors qu’il n’est à la tête que de huit Etats membres sur 27, le PPE est désormais à la tête de quasiment toutes les institutions européennes : Roberta Metsola au Parlement européen, Ursula von der Leyen à la Commission, Christine Lagarde à la BCE, Paschal Donohoe à l’Eurogroupe (la réunion mensuelle et informelle des ministres des Finances), tous issus du même groupe conservateur. Seul le Conseil européen est dirigé par un un libéral, le Belge Charles Michel.
Un pacte avec le diable pour assurer leurs intérêts
Revenons à Roberta Metsola. Élue du parti conservateur maltais, pays qui considère encore l’avortement comme un crime, elle a systématiquement voté contre les textes garantissant ce droit fondamental. En juin 2021, Metsola rejetait par exemple un rapport faisant de l’avortement un droit humain et en septembre, elle s’abstenait sur un texte proposant de classer la violence fondée sur le genre comme un crime dans le droit européen.
Roberta Metsola est la troisième femme à prendre la tête du Parlement européen, quarante-deux ans après la française Simone Veil, connue pour son combat en faveur du droit à l’avortement. Cette nomination quatre décennies plus tard a un goût amer de régression, qui s’inscrit dans un contexte où les droits fondamentaux, en particulier ceux des femmes, sont violemment remis en question ces dernières années. En élisant à sa tête une élue anti-IVG, le Parlement européen envoie un très mauvais signal.
Nous le rappelons avec force, le droit à l’IVG doit être défendu et accessible, et c’est pourquoi nous proposons de l’introduire dans la Constitution française pour qu’aucun retour en arrière ne soit possible. Ceux qui s’y opposent s’attaquent à un droit fondamental : nous dénonçons tous ceux qui se prétendent féministes en France mais qui, en raison de calculs politiciens, apportent leurs suffrages à une adversaire du droit fondamental à disposer de son corps à l’échelle européenne. De notre côté, nous ne lâcherons rien pour défendre coûte que coûte les droits des femmes !