Écologie de rupture ou effondrement planétaire ?

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Le second volet du rapport du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) dresse un tableau sans ambiguïté : le changement climatique fait déjà de nombreux dégâts et l’avenir de la condition humaine sur la planète s’annonce bien sombre. Fort de ses 269 auteur·es issus de 69 pays, ce rapport fait suite à la première partie sortie durant l’été 2021, qui couvrait les éléments scientifiques démontrant les évolutions rapides du réchauffement climatique. S’ajoutent désormais à ces prévisions les effets du changement climatique sur les sociétés humaines et les écosystèmes, ainsi que les moyens de s’y adapter. Un rapport qui sonne comme “un terrible avertissement sur les conséquences de l’inaction”, a averti Hoesung Lee, le président du Giec.

Si ce rapport tombe à un moment peu propice en termes d’actualité, alors que les yeux du monde sont tournés vers la guerre en Ukraine, il s’agit pourtant d’un pilier d’avenir pour la condition humaine sur Terre, et un outil de secousse en direction des dirigeants mondiaux peu enclins à prendre la menace au sérieux. Pourtant, c’est maintenant que tout se joue. C’est pourquoi notre camp politique rappelle avec force la place centrale que doit avoir l’écologie à l’échelle mondiale, qu’elle doit être pensée sous le prisme de la justice sociale, et se joint aux scientifiques du GIEC pour sonner l’alerte :  la vie sur Terre de demain dépend des décisions d’aujourd’hui. En ce sens, seule une écologie de rupture peut nous faire échapper à un effondrement planétaire.

Changement, adaptation et vulnérabilité

Le rapport du GIEC établit des prévisions jusqu’en 2100. Lointain ? Pas tant que ça, lorsque l’on relativise : les enfants nés aujourd’hui auront 80 ans en 2100, verront le nombre d’événements extrêmes multiplié par quatre.. Ce qui était de l’ordre de l’horizon devient désormais réalité : jusqu’à 3.6 milliards d’êtres humains sont déjà très vulnérables face à l’impact du réchauffement climatique.

A l’échelle mondiale, le pourcentage de la population qui sera exposé à un choc thermique mortel passera de 30% aujourd’hui à 50 voire 80% d’ici à la fin du siècle. Les zones côtières quant à elles, sont menacées de disparition, grignotées par l’inexorable montée des eaux qui entraînera selon les prévisions du GIEC plus de 1 milliard de personnes à devoir se déplacer. Les catastrophes naturelles mettent aussi à mal la sécurité alimentaire mondiale déjà bien fragilisée : la destruction de grandes zones agricoles risque d’entraîner des famines durables à travers le monde, principalement dans les pays les plus pauvres.

Le changement est bien là, les événements climatiques extrêmes rythment déjà la condition terrestre depuis plusieurs années, déclenchant aux quatre coins du monde des destructions, des vies perdues, des déplacements et des conflits. Si le rapport de 2007 faisait l’impasse sur l’adaptabilité de l’espèce humaine à cette nouvelle réalité, cette notion est désormais au cœur du rapport 2022. Selon le GIEC, notre monde n’est pas prêt logistiquement à s’adapter aux conséquences du changement climatique, plus rapide et plus fort que prévu. De plus, le GIEC alerte sur ce qu’il appelle “des points de basculement” susceptibles d’accélérer fortement la situation : cela concerne en particulier la fonte des calottes glaciaires du Groenland et de l’ouest de l’Antarctique qui contiennent suffisamment d’eau glacée pour faire monter les océans de 13 mètres

A la clé pour les générations futures, encore davantage de pénuries, de pauvreté, de famines ou de conflits ? Difficile d’imaginer un autre futur après avoir lu le sombre tableau dressé par le GIEC, mais en réduire l’impact est encore possible. Il est temps d’abattre la logique de l’ultra capitalisme en instaurant une véritable politique écologique de rupture. 

Une écologie de rupture comme unique porte de sortie 

COP 21, sommet mondial de la sécurité alimentaire, sommet sur les océans, les événements pour blablater ne manquent pas ! Mais qu’en est-il des actes ? Il ne sont évidemment pas au rendez-vous. 

L’urgence actuelle suppose de rompre avec l’argent roi. Il est temps d’exiger une société en harmonie avec la nature et cette dernière doit être inscrite au sommet de la hiérarchie des normes afin de conditionner toute décision politique à sa protection. La règle verte est une étape décisive. La planification est ensuite notre boussole : reconvertir les métiers des secteurs polluants, investir massivement dans les énergies renouvelables, concentrer la force humaine dans une nouvelle logique de sobriété, d’efficacité, et de protection de l’environnement. Le levier d’action sera l’État à l’échelle nationale, et la désobéissance aux traités à l’échelle européenne, tels que ceux qui conduisent par exemple à une surexploitation des ressources et au grand déménagement du monde. Pour prendre la route de l’adaptabilité et s’attaquer aux conséquences climatiques, c’est toute l’économie qui doit bifurquer : les investissements doivent être massifs, les modes de production, d’échange et de consommations doivent radicalement changer, la mobilisation générale en sera le mot d’ordre.

S’il est trop tard pour empêcher un certain nombre de catastrophes de se produire, il est encore temps de réagir et retrouver le sens des responsabilités afin de relever le défi climatique. Ce n’est plus uniquement le défi du siècle, mais bien le défi de l’humanité.

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