Ce matin, la présidente de la Commission européenne a tenu un discours au Parlement sur l’état de l’Union européenne : un exercice d’autosatisfaction sur une Europe pourtant bien mal en point.
C’est sans grande surprise que Madame von der Leyen s’est grandement satisfaite d’une gestion de la crise sanitaire pourtant calamiteuse. Refus d’instaurer la levée des brevets sur les vaccins pourtant votée par le Parlement, opacité totale des contrats passés avec les big pharma qui ont dicté leur loi, sans parler de l’échec cinglant de l’initiative covax : la Commission s’est couchée devant les grands laboratoires. Résultat : seule 3% de la population africaine est vaccinée et l’émergence de variants fait peser une épée de Damoclès sur toute la planète.
Ursula von der Leyen s’est aussi félicitée d’une Europe qui serait “leader” en matière de climat. Là où la science préconise une réduction des gaz à effet de serre entre 65% et 70% d’ici à 2030 pour respecter les accords de Paris, l’UE s’est pourtant fixée un objectif totalement insuffisant de 55%. Et sur la méthode, c’est encore pire. Le “paquet climat” de la Commission reste enfermé dans les logiques de marché, avec notamment une extension du marché carbone aux secteurs du bâtiment et du transport au détriment des classes populaires. Rien à redire bien sûr en revanche sur les accords de libre-échange climaticides et la PAC qui reste au service de l’agro-business.
La dimension sociale est enfin la grande absente de ce discours. Notre délégation demande depuis des mois l’instauration d’un état d’urgence sociale alors que la crise a plongé des millions de personnes supplémentaires dans la pauvreté. Comment accepter que rien ne soit fait pour les 700 000 sans-abri? Les citoyennes et citoyens de l’Union européenne doivent bénéficier d’un accès au logement, à l’alimentation, à la santé et à l’éducation.
Tout ça ne semble pas compter pour Madame von der Leyen qui a préféré consacrer une partie importante de son discours à l’annonce d’un sommet sur l’Europe de la défense avec Macron. Passage à 0% de la TVA sur l’armement et intégration toujours plus forte dans l’OTAN : voilà la priorité stratégique quelques semaines seulement après la conclusion désastreuse de l’intervention américaine en Afghanistan ? Un gaspillage d’argent monstrueux à venir dans des politiques qui s’ajouteront aux tensions mondiales au lieu d’œuvrer pour la paix.
Malgré la crise, la Commission reste prisonnière de ses dogmes : libéralisme, croissance, concurrence. Pour espérer un avenir serein et souhaitable aux peuples européens, notre délégation en appelle à un sursaut : il est grand temps de sortir des logiques de marchés qui entraînent des inégalités monstrueuses entre les individus tout en détruisant notre environnement. Taxons les profiteurs de crise et demandons des comptes aux multinationales ! Mettons en place un grand plan d’urgence sociale pour protéger les plus précaires qui sont les premières victimes des crises économiques et climatiques. Soyons enfin à la hauteur de l’urgence.
Délégation France insoumise au Parlement européen