Lundi à Bruxelles, Younous Omarjee, Président de la Commission du Développement Régional (REGI) du Parlement européen, participait au lancement de la semaine européenne des régions et des villes, aux côtés du Président du Comité européen des régions Apóstolos Tzitzikóstas et de la Commissaire européenne Elisa Ferreira.
Cette semaine dédiée aux régions européennes est le principal événement autour de la politique de cohésion de l’UE. Pour cette 19e édition, 300 ateliers et débats s’articuleront autour de la cohésion, de la transition écologique, de la transition numérique et de l’engagement des citoyens.
La politique de cohésion est avant tout une affaire de solidarité. Elle permet de réduire les fractures économiques, sociales et territoriales en redistribuant les 385 milliards de fonds structurels et d’investissement (FEDER, FSE, Interreg, FTJ, React-EU) proportionnellement au nombre d’habitants et au niveau de développement de chaque région, dans le but de faire converger tous les territoires de l’UE vers un même niveau de développement. Moins une région est développée et plus elle reçoit de fonds de l’Union européenne pour rattraper les retards et développer ses territoires.
Pour Younous Omarjee: « Les fonds structurels ont aidé à construire l’Europe. Ils aideront à reconstruire l’Europe post-Covid. L’Europe est née par la solidarité. La crise a montré qu’elle peut mourir par manque de solidarité et c’est pourquoi dans ce moment, notre politique régionale de cohésion a une valeur inestimable. »
La politique de cohésion a joué un rôle majeur pendant la crise sanitaire : les fonds structurels européens ont pu être redéployés en urgence (grâce aux règlements appelés CRII et CRII+) pour aider les citoyens à faire face aux conséquences socioéconomiques de la pandémie : achat de masques, de respirateurs artificiels, financement des mesures de chômage partiel, aides aux petites entreprises, déploiement d’hôpitaux mobiles.
« Les principes de la politique de cohésion qui ont présidé aux négociations que nous avons menées doivent être respectés dans la mise en œuvre des fonds et des plans de relance des États membres”, rappelle Younous Omarjee. Et de préciser : « Les premiers bénéficiaires de la politique de cohésion doivent être les régions qui en ont le plus besoin. Car, plus que jamais en Europe, la crise du Covid fait courir le risque de fractures territoriales aggravées. Les plans de relance doivent oeuvrer à corriger les inégalités, non à les creuser. »
La politique régionale est devenue pour la programmation financière 2021-27 le premier poste budgétaire de l’Union européenne, devant la politique agricole commune qui a longtemps occupé la première place. Avec le renforcement de ses règlements par le Parlement européen, la politique de cohésion est aussi devenue le premier levier d’investissement du pacte vert qui financera directement la transition écologique et énergétique des territoires : 30% des fonds de cohésion devront contribuer à la lutte contre le changement climatique, un fonds pour la transition juste a été créé, et un principe directeur a été institué afin qu’aucun des projets financés par ces fonds ne nuise significativement à l’environnement.
En ce moment, les régions négocient avec leur État et la Commisison européenne le contrat de partenariat et leurs programmes opérationnels pour la période 2021-2027. Tout en garantissant la pleine implication des régions et de la société civile, telle que prévue par les règlements, Younous Omarjee appelle les Etats à travailler au plus vite pour que les fonds de cohésion puissent être opérationnels dès le 1er janvier 2022. La crise Covid a fragilisé l’emploi dans les territoires et engendré des inégalités supplémentaires, ces fonds n’ont jamais autant été attendus sur le terrain.
En parallèle, les Etats ont commencé à déployer leur plan national de relance issu pour grande partie de l’emprunt commun européen. Pour Younous Omarjee il est indispensable que le plan de relance européen renforce la politique de cohésion et respecte ses principes. Les fonds doivent être davantage redistribués vers les régions et les villes les moins développées, et notamment vers les régions ultra-périphériques, vers les îles, vers les régions périphériques et maritimes, vers les zones rurales et de montagnes, vers les quartiers populaires des grandes villes et métropoles, qui cumulent plus de difficultés que les villes et régions les plus développées. Pour Younous Omarjee il est aussi fondamental de maintenir en parallèle la suspension des règles du pacte de stabilité au-delà de 2023, sans quoi la relance risque d’être difficile car la reprise sera nécessairement plus lente dans les pays et régions les moins développées.