Présidence française : six mois de Macron, pour Macron, par Macron, au détriment des peuples européens

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Événement qui se produit tous les 14 ans, la France s’apprête à prendre officiellement la présidence française de l’Union européenne durant six mois… en pleine campagne nationale des élections présidentielles. Un événement qui permet à Macron d’être au devant de la scène et de se présenter en champion de l’Europe…. Sans grignoter ni son temps de parole, ni son enveloppe de campagne. On comprend pourquoi le président prend son temps avant de se déclarer candidat ! 

Présidence française : un documentaire à 149 millions d’euros, avec Macron comme personnage principal

C’est un événement qui ne passe pas inaperçu. Tous les six mois, l’un des 27 pays de l’Union européenne prend la présidence du Conseil de l’Union européenne, un poste clé qui permet de faire avancer les sujets identifiés comme importants par les dirigeants du pays en question. Cette année est particulière puisque c’est la France qui prendra la présidence tournante de l’UE entre le 1er janvier et le 30 juin 2021… soit pile pendant la période des élections présidentielles françaises qui se tiendront en avril. Et Macron est bien décidé à utiliser tous les leviers de la présidence française pour booster sa campagne. On parle ici de 400 événements annoncés en grande pompe (tous concentrés sur les trois premiers mois, donc avant l’élection présidentielle), de monuments illuminés aux couleurs de l’Europe, de ministres en tournée d’inauguration de sites financés par l’UE. Tout cela au service d’un président présenté par toute la macronie comme le “champion d’une Europe sociale, autonome et souveraine”. Autrement dit, le gouvernement ne lésine pas sur les moyens pour transformer la présidence française en tremplin électoraliste. 

Ces événements sont de véritables tribunes offertes au président pour s’exprimer librement, sans que son temps de parole ne soit décompté comme n’importe quel autre candidat. Du côté des financements, on découvre que les coûts liés à la présidence française s’élèvent à quelque 150 millions d’euros, soit plus de trois fois le plafond de dépense d’un candidat à la présidentielle ! Ce sont donc les ambitions démesurées de Macron qui vont nous coûter un “pognon de dingue”…

Une occasion historique pour la France gâchée par les ambitions d’un seul homme

En profitant de cet événement à des fins électoralistes, Emmanuel Macron va gâcher la place majeure qu’offre la présidence de l’Union européenne à la France, pour arranger ses petites manœuvres de candidat non déclaré. Contrairement à ses dires, Macron aurait pu négocier le report de la présidence française de l’UE, par exemple en échangeant avec un autre pays. Ne pas l’avoir fait est une faute grave, car la France va perdre un énorme pouvoir de négociation : à partir du 25 mars, il ne pourra plus y avoir de sommet européen au nom de l’égalité du temps de parole médiatique. C’est ce qu’on appelle la “période de réserve”. Cela empêchera donc la France d’avancer sur des dossiers majeurs. De manière plus générale, la campagne présidentielle va interférer sur les priorités mises en avant par la France, et affaiblir son pouvoir de négociation. En bref, le temps utile de la présidence française va être de trois mois au maximum. 

Un bilan européen plus que désastreux

D’ici là, Macron va tout faire pour se présenter comme un grand champion de l’Europe. Mais qu’en est-il réellement ? Rien que sur l’année écoulée, le gouvernement français s’est allié avec l’extrême droite polonaise pour faire intégrer le gaz et le nucléaire dans la taxonomie verte européenne ; a défendu une politique agricole commune qui profite à l’agro-industrie et aura des conséquences terribles sur le climat ; a torpillé la directive sur la transparence fiscale des multinationales en se faisant le porte voix du MEDEF, sans oublier la protection des intérêts des big pharma en pleine pandémie mondiale, empêchant la levée des brevets sur les vaccins.

En réalité, Macron est un opportuniste qui navigue selon le sens du vent : après avoir défendu le tout-marché, il prétend découvrir les failles du marché européen de l’énergie au moment où les européens subissent une hausse des prix catastrophique. Il critique la fameuse règle européenne des 3% de déficit public, mais n’engage aucun rapport de force pour la réformer. Après avoir calqué le calendrier de la conférence sur l’avenir de l’Europe sur sa présidence pour en tirer des avantages, il finit par tout décaler quand il se rend compte que cet événement est un fiasco… En bref, Macron nous arnaque, en tous temps et en toutes circonstances. 

Les priorités de Macron : les thèmes favoris de l’extrême droite

Au menu des six prochains mois ? Immigration, sécurité, défense… Sur les 1h30 de discours du président de jeudi dernier, ces sujets ont couvert la majeure partie de la conférence de presse. Macron a notamment défendu une rigueur sans faille contre les migrants, en annonçant un renforcement des contrôles alors que l’Europe sort à peine de la crise humanitaire qui s’est produite à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie. L’horreur humaine de 4000 individus restés coincés plusieurs jours dans le froid, sans nourriture, et sans aide humanitaire, tandis que certains hauts responsables comme Charles Michel évoquaient le financement de murs aux frontières, ne semble pas l’avoir ému. Macron a même valorisé Frontex, cette agence européenne qui viole allégrement le droit international en repoussant les migrants en mer sans les laisser déposer leur demande d’asile, ce que notre groupe de la Gauche au Parlement européen a documenté dans un livre noir en deux volumes.

Macron a donc préféré axer la présidence française sur les thèmes de l’extrême droite, reléguant comme à son habitude l’écologie et le social au second rang, dans une Europe pourtant profondément touchée par une crise sociale et climatique sans précédent. Le paquet climat, chantier législatif majeur, n’a été évoqué que sous l’angle du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, un système ultra-libéral qui n’est autre qu’une extension du marché carbone de l’Union européenne, fondé sur la mise en vente de quotas d’émissions de CO2, donc sur la mise aux enchères de droits à polluer pour les importateurs. Côté social, le néant, à part une tentative de se faire passer pour un grand promoteur du salaire minimum européen. C’en est ridicule quand on sait qu’il refuse de revaloriser le SMIC au-delà du minimum légal et qu’il défend un texte non-contraignant qui n’aurait donc aucun impact…

Vous l’aurez compris, Macron instrumentalise la Présidence française de l’UE à des fins électoralistes, quitte à sacrifier un pouvoir de négociation qui n’arrive à la France qu’une fois tous les 14 ans, et met à l’agenda des sujets dignes de l’extrême droite. Au lieu de s’intéresser aux vrais problèmes, à savoir l’écologie et le social, Macron préfère organiser des événements qui n’intéressent personne et se faire passer pour le roi d’Europe. Un roi qu’il va vite falloir détrôner…

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