🎙 Vaccins contre le Covid-19, Biélorussie, Macron au Rwanda : interview de Manon Aubry pour France Info

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« Il est un peu tard pour se réveiller », estime mercredi 26 mai, sur franceinfo, l’eurodéputée LFI Manon Aubry alors que l’Union européenne accuse AstraZeneca de « violation flagrante » du contrat d’achat de vaccins anti-Covid. « Dès le début, il fallait être clair en imposant des sanctions si non-respect du calendrier de livraison. » La co-présidente du groupe de gauche au Parlement européen revient également sur les sanctions contre la Biélorussie. Selon elle, « il y a une espèce de parfum de guerre froide ». À la veille du voyage officiel d’Emmanuel Macron au Rwanda, elle appelle enfin à « sortir de ces décennies de Françafrique. »

franceinfo : Approuvez-vous l’Union européenne qui réclame 10 millions d’euros de pénalités à AstraZeneca ?

Manon Aubry : Il est un peu tard pour se réveiller. En plus, ce n’est pas du tout sûr que l’Union européenne remporte cette procédure juridique hasardeuse. Dès le départ, elle a accepté les clauses des laboratoires pharmaceutiques. Je rappelle quand même que ces contrats n’ont pas été rendus publics et qu’on n’en a pas tiré les leçons, puisque les contrats signés ces derniers jours ne sont toujours pas publics. L’Union européenne s’est laissé imposer le calendrier de livraison et les clauses de responsabilité de la part des laboratoires. Dès le début, il fallait être très clair vis-à-vis des laboratoires pharmaceutiques en imposant des conditions, y compris avec des sanctions si non-respect du calendrier de livraison. Après, on ne va pas se leurrer, les capacités de production de ces seuls laboratoires ne suffisaient pas. C’est aussi pour ça qu’on mène ce combat sur la levée des brevets. Mais pour cela, il ne faut pas céder au lobby pharmaceutique, ce que la Commission européenne a fait pendant beaucoup trop longtemps.

Autre annonce de l’Union européenne hier, ses sanctions contre la Biélorussie sont-elles suffire ?

D’abord, ces sanctions sont bienvenues parce qu’on a quand même affaire à un acte de piraterie d’une extrême gravité. Nous demandons la libération immédiate de Romane Protassevitch, de sa compagne, mais aussi des autres opposants politiques et journalistes qui sont quotidiennement intimidés ou menacés par le régime Loukachenko. Mais la seule sanction mise en œuvre, c’est l’interdiction du survol de l’espace biélorusse.

Partout dans le monde, la démocratie est menacée. L’Union européenne fait face à Loukachenko, à Poutine, et en réalité à beaucoup d’États, même en son sein. En Hongrie, en Pologne, en Slovénie, on remet en cause la liberté des médias et les partis d’opposition. Oui, il y a une espèce de parfum de guerre froide sur lequel il faut être très vigilant à ne pas faire monter la sauce, mais au contraire désescalader le niveau de la pression.

Enfin, qu’attendez-vous du voyage officiel d’Emmanuel Macron au Rwanda demain ?

Qu’il revienne sur les erreurs et qu’il reconnaisse enfin le rôle qu’a pu jouer la France dans ce terrible génocide. Cela doit surtout être un signal pour sortir de ces décennies de Françafrique. On le voit encore aujourd’hui avec l’attitude d’Emmanuel Macron qui soutient le régime putschiste au Tchad et adoube le fils d’Idriss Déby. « Ni déni, ni repentance », dit-il dans une interview à Zadig où il parle beaucoup d’Histoire. S’il veut parler d’Histoire, il peut aussi faire le parallèle avec la société de privilèges que nous avions dans l’ancien régime et qui est en train de se redessiner avec des privilèges accordés aux milliardaires et aux multinationales. Il peut aussi voir l’ambiance pré-fachiste extrêmement inquiétante avec l’extrême droite aux portes du pouvoir. Ces deux parallèles historiques peuvent être lourds d’enrichissement pour l’avenir très proche.

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