La crise sanitaire a accentué et mis en lumière la situation dramatique dans les EHPAD. Le manque criant de moyens et de personnel dans ces structures pourtant essentielles à la solidarité envers nos aîné.e.s et à leur dignité, s’est fait particulièrement ressentir ces derniers mois : isolement, enfermement, taux de mortalité face au COVID largement supérieur à l’ensemble de la population…
Notre délégation se mobilise : nos aîné.e.s méritent mieux ! Par la voix de l’élue insoumise Anne-Sophie Pelletier, nous réclamons la mise en place d’une commission d’enquête sur le drame des EHPAD en temps de COVID. A l’occasion de la journée de lutte contre la maltraitance des personnes âgées, nous le répétons : nous devons ouvrir les yeux sur les drames humains qui se jouent dans les établissements d’accueil pour nos aîné.e.s !
EHPAD et restrictions des libertés
Les EHPAD ont été depuis trop longtemps négligés : le manque de moyens financiers et de personnel engendre de nombreux cas de maltraitance et d’abus sur nos aîné.e.s. La Défenseure des droits est régulièrement saisie de réclamations portant sur des restrictions de droits et libertés des personnes accueillies dans ces structures. Les personnes ayant recours aux EHPAD ne demandent pas à être infantilisées : elles demandent la possibilité de mener une vie digne. Pourtant, leurs libertés fondamentales sont régulièrement atteintes. Selon la Défenseure des droits, les “principes du libre choix, du consentement éclairé et droit à l’information de la personne accueillie […] du droit à la santé ; de la liberté d’aller et venir ; droit à la vie privée, à l’intimité et au maintien des liens familiaux” sont régulièrement remis en cause. Dans un rapport récent sur les EHPAD, Claire Hedon rappelle ainsi que “Les droits et les libertés des résident.e.s ne peuvent pas être la variable d’ajustement face au manque de moyens et de personnel au sein des EHPAD”.
L’impact du Covid
C’est pourtant bien trop souvent le cas. Les problématiques récurrentes de ces établissements d’accueil ont été renforcées par la crise sanitaire. La liberté d’aller et venir a été largement remise en cause et ce, au sein même des structures : les résident.e.s faisaient face à l’interdiction de sortir de leur chambre, de se rencontrer entre eux et même de voir leurs familles. La crise sanitaire a accentué l’indignité dans l’accompagnement de la mort pour les personnes âgées en EHPAD : beaucoup ont dû faire face à la mort complètement isolées, les soignant.e.s avaient l’interdiction de pratiquer les toilettes mortuaires et le deuil des familles a été complètement négligé. Notons au passage que les mauvais traitements dus à un sous-investissement chronique dans les établissements médico-sociaux ont été tout aussi traumatisants pour les soignant.e.s.
Ces drames, Anne-Sophie Pelletier ne les connaît que trop bien : en tant qu’aide-soignante, elle avait mené avec succès une grève de 117 jours au sein de la maison de retraite des Opalines dans le Jura, contre les conditions de travail et la maltraitance des résident.e.s qui en résulte.
« Les personnes âgées ont été les grands oubliés de cette pandémie, et nos dirigeants européens n’ont pas su protéger ce triptyque essentiel qui base la vie en Ehpad, les résident.e.s, les familles et l’ensemble du personnel.«
Anne-Sophie Pelletier rappelle également que le cas français n’est pas isolé. En Europe des camions militaires devenus corbillards transportaient les masses de corps anonymisés en Italie quand l’armée était envoyée dans des EHPAD en manque de personnel en Espagne et Belgique.
Face à la politique de l’abandon, nous devons ouvrir une commission d’enquête au Parlement européen !
Cette situation dure depuis bien trop longtemps et est le résultat d’un choix politique que nous ne pouvons tolérer. Les restrictions de libertés dans les EHPAD sont insoutenables pour les résident.e.s, mais aussi pour les soignant.e.s qui travaillent chaque jour dans des conditions désastreuses. Les familles sont également très touchées, car avoir recours en placement en EHPAD pour un proche n’est pas une décision facile, c’est même un choix déchirant au vu du traitement actuel de nos aîné.e.s.
Pour toutes ces raisons, Anne-Sophie Pelletier et la délégation France insoumise demandent l’ouverture d’une commission d’enquête au Parlement européen. Les familles attendent des réponses sur les échecs de leurs gouvernants et sur la gestion de la crise sanitaire dans les EHPAD. Cette situation mérite d’être auditionnée, analysée et critiquée. Il est indispensable que les choses changent et que soient enfin reconnus les droits des personnes âgées, ce pour quoi se bat notre délégation. Pour rappel, sur les plus de 110 000 morts du COVID en France, au moins 35 000 sont des décès de résident.e.s d’EHPAD – et ce, malgré les mesures de “protection” imposées par le gouvernement, sur des établissements laissés à l’abandon depuis bien trop longtemps.