Malgré l’interdiction de l’amiante au sein de l’UE et sa mise en application en 2005, ce matériau cancérigène est toujours présent dans de nombreux bâtiments partout en Europe et cause un nombre effrayant de maladies graves et de décès. Nos élu.es viennent de faire voter des avancées majeures dans ce domaine, dont une stratégie européenne d’éradication complète de l’amiante. Une énorme victoire pour notre délégation et pour la santé des européen.ne.s !
L’amiante, un problème de santé publique majeur qui creuse les inégalités
L’amiante est un matériau de construction longtemps utilisé pour ses propriétés avantageuses comme la résistance au feu ou son coût peu élevé et qui se retrouve aujourd’hui dans un nombre incalculable de bâtiments. Mais l’amiante est extrêmement dangereux : il contient des fibres cancérigènes qui causent des maladies respiratoires graves en se déposant dans les poumons, ainsi que de nombreux cancers. Au sein de l’UE, en 2019, 90 000 personnes sont mortes des conséquences de l’exposition à l’amiante selon la revue The Lancet. Dans le monde, ce chiffre s’élève à 250 000 morts par an. Si ce matériau a été interdit par l’UE en 1999 avec une mise en application en 2005, il reste présent partout et représente un énorme problème de santé publique. Par exemple, même en France, où l’interdiction date de 1997, on trouve de l’amiante dans 77% des lycées généraux et dans 73% des collèges ! De plus, des entreprises européennes continuent de développer des activités liées à l’amiante dans des pays tiers.
Les premières victimes des conséquences de l’amiante sont les populations les moins favorisées : travailleurs et travailleuses des secteurs les plus pénibles, femmes, enfants, personnes habitant près de décharges ou de bâtiments délabrés… Ce fléau est donc à la fois environnemental et social, et creuse les inégalités existantes.
Un rapport ambitieux voté au Parlement européen grâce au travail de nos élu.es
Le Parlement européen vient d’approuver un rapport d’initiative législative sur la protection des travailleurs contre l’amiante, qui doit fortement peser sur les prises de décision de la Commission européenne dans ce domaine. La Commission s’était déjà engagée à réviser la directive « Amiante au travail ». Elle doit maintenant regarder en détail les propositions du Parlement.
Le texte est issu de la Commission de l’Emploi et des Affaires sociales (EMPL), dont fait partie Leïla Chaibi, car il concerne principalement les maladies professionnelles liées à l’amiante. Leïla Chaibi dénonce régulièrement les conséquences dramatiques de l’amiante, deuxième cause de maladies professionnelles. En 2020, lors des Universités d’été de la France Insoumise, elle a notamment rencontré la fille de Paul Dupeyroux, un homme décédé des suites d’un mésothélium – forme de cancer du poumon – après avoir respiré de l’amiante toute sa jeunesse, passée à proximité de l’usine produisant ce matériau.
Ce sujet dépassant les compétences de la commission EMPL car il s’agit également d’un problème plus vaste de santé publique, la Commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire (ENVI) et celle du marché intérieur et de la protection des consommateurs (IMCO) ont été associées à l’élaboration du texte. Manuel Bompard était rapporteur pour la commission ENVI et Anne-Sophie Pelletier pour la commission IMCO. La détermination des élu.es de la délégation a permis d’obtenir des avancées considérables !
Vers une éradication complète de l’amiante
Première grande avancée : le rapport demande la mise en place d’une stratégie européenne d’éradication complète de l’amiante. Celle-ci serait déclinée en plans nationaux d’action dotés de moyens financiers, et des feuilles de route spécifiques aux niveaux local, régional et national. La Commission européenne devra assurer la coordination des plans nationaux, notamment par l’adoption d’une directive cadre. Grâce au travail de Manuel Bompard pour la commission ENVI, le rapport demande à l’Agence européenne pour l’environnement de mener de nouvelles recherches sur la présence d’amiante dans les cours d’eau ainsi que sur ses effets sur la faune et la flore et insiste sur l’importance de mesurer les niveaux de concentration d’amiante dans tous les États membres. Il demande également un grand plan de rénovation et désamiantage du circuit de distribution de l’eau potable car actuellement, un tiers des canalisations sont contaminées à l’amiante !
Le texte de la commission IMCO, géré par Anne-Sophie Pelletier, impose quant à lui un certificat renouvelable tous les cinq ans avant la vente ou la location d’un bien afin de réduire le plus possible le risque d’exposition à l’amiante, puisque l’amiante ne concerne pas seulement les travailleurs mais aussi les consommateurs. Information, alerte et anticipation du danger sont les piliers d’une approche fondée sur le principe de précaution, qui s’accompagne aussi d’un suivi de l’évolution du bâtiment. Enfin, grâce à notre collègue danois Nikolaj Villumsen, rapporteur pour la commission EMPL, le rapport demande une baisse considérable de la valeur limite d’exposition à l’amiante, une protection pour les travailleurs chargés du désamiantage.
Ces avancées majeures sont le fruit d’un important travail de la part des élu.es de la délégation France insoumise ! La Commission européenne doit désormais suivre les recommandations du Parlement et tout mettre en œuvre pour enfin éradiquer le fléau de l’amiante sans plus tarder, car la santé des européens est en jeu !