Après de longues discussions, l’Eurogroupe vient donc d’accoucher d’une souris : le mécanisme européen de stabilité va être activé comme prévu mais les États bénéficiaires devront se soumettre au contrôle budgétaire de la Commission européenne pour tout ce qui ne relève pas de la santé. C’est donc le retour des programmes d’ajustement économique qui ont mis la Grèce à genoux et maintiendront demain l’Union européenne dans le carcan absurde de l’austérité budgétaire.
Cet accord est un triomphe pour le club des égoïstes, emmené par l’Allemagne et les Pays-Bas, qui auront mis un veto de principe à toute forme de solidarité vis à vis des États membres les plus durement frappés par la crise. L’autosatisfaction de Bruno Lemaire ne trompe personne : c’est aussi une défaite politique pour la France qui s’était dit favorable à l’émission d’obligations communes de la zone euro (les Coronabonds) mais qui aura, à nouveau capitulé face à l’intransigeance des partisans de l’orthodoxie budgétaire et monétaire.
Face à l’un des plus grand défis de son histoire, l’Union européenne s’avère donc incapable de sortir des dogmes qui la tuent à petit feu. La seule solution viable est pourtant connue : c’est le rachat des dettes publiques par la Banque centrale européenne, pour organiser progressivement leur annulation. Il faut pour cela sortir des traités européens actuels qui empêchent à la BCE de prêter directement aux États. C’est une des conditions pour sortir de la crise sanitaire d’aujourd’hui, faire face à la crise économique et sociale qui vient, et répondre enfin à la catastrophe écologique.
La délégation France insoumise au Parlement européen.