Loi Climat : une ambition insuffisante – le débrief #2

Inscrivez-vous ci-dessous pour vous abonner à notre newsletter

Retour sur la première session plénière du mois d’octobre, qui s’est tenue du lundi 5 au jeudi 8 à Bruxelles.

À nouveau organisée à Bruxelles pour cause de mesures sanitaires liées à la pandémie de Covid-19, celle-ci était principalement axée autour d’un vote important : la Loi Climat.

1️⃣ Loi climat
2️⃣ Stratégie forestière
3️⃣ Situation au Haut Karabagh
4️⃣ Scandales bancaires : les fincenfiles
5️⃣ « Garantie pour la jeunesse »

1️⃣ Loi climat

Les députés européens étaient donc appelés à donner leur position sur la loi climat. Élément central du « Green Deal européen », le texte avait été présenté en mars dernier par la Commission européenne. Objectif : atteindre la neutralité climatique en 2050 au plus tard. La loi fixe, pour faire simple, la feuille de route à suivre pour y parvenir.

Au cœur du texte, un nouvel objectif de réduction des émissions de gaz à effet-de-serre, augmenté à 60% pour l’année 2030. Une première étape, 20 ans avant l’objectif final.

Votée à une courte majorité, cette « Loi Climat » a été présentée par la majorité des forces politiques comme une « victoire pour la planète ». Notre discours est, lui, un peu plus nuancé.

Car si le nouvel objectif de diminution des émissions de CO2 est en effet plus ambitieux que les précédents… il reste malgré tout insuffisant. En effet, selon l’ONU et les scientifiques, il devrait être d’au moins 65% pour atteindre l’objectif de limitation du réchauffement climatique fixé par l’Accord de Paris.

Notre délégation avait déposé des amendements visant à tenir compte de cette réalité, et donc à augmenter d’avantage l’objectif de réduction des émissions… rejetés par la majorité des élus socialistes et LREM.

Enfin, si le Parlement européen affiche des objectifs écologiques dans cette loi, rappelons que les politiques climaticides mises en place par l’Union européenne sont nombreuses : libre-échange, politique agricole commune, projets gaziers…

Sans changement profond des politiques européennes, tout objectif climatique n’est qu’une communication hypocrite.

2️⃣ Stratégie forestière

Un rapport sur la stratégie forestière était également au programme des votes de la semaine dernière. Pour faire simple, il s’agissait pour les eurodéputés d’exprimer leurs attentes concernant la stratégie forestière que la Commission européenne doit adopter. Notre délégation pointe trois désaccords principaux avec le texte :

– Pour commencer, la promotion du bois comme énergie renouvelable, qui est un non-sens écologique et énergétique. Ce matériau est en effet connu pour son faible rendement, c’est-à-dire qu’il faut en utiliser beaucoup pour peu de résultat, fragilisant les écosystèmes forestiers. Notons également que sa combustion émet une quantité de CO2 considérable, à l’heure où l’Union européenne vise la neutralité climatique… 

– Ensuite, la défense des monocultures commerciales (c’est à dire la culture d’une seule espèce de plante à des fins commerciales) intensives, bien que celles-ci soient réputées pour leur nocivité sur la biodiversité.

– Enfin, le refus de demander une extension des aires naturelles protégées, une mesure plébiscitée par notre délégation, et pourtant défendue par le Parlement en janvier dernier et par la Commission dans sa stratégie pour la biodiversité.

3️⃣ Situation au Haut Karabagh

Le conflit armé qui touche le Haut-Karabagh depuis la fin du mois de septembre est une source d’inquiétude sérieuse.

L’offensive des forces armées azéries sur la ville de Stepanakert fait ressurgir le risque d’une guerre avec l’Arménie, dans une région souvent touchée par les conflits par le passé. Alors que la population du Haut-Karabagh est à 95% arménienne, le risque d’un bain de sang est à prendre au sérieux, tout comme celui d’un exode massif.

Face à l’influence de deux grandes puissances dans ce conflit (la Russie comme soutien de l’Arménie & la Turquie comme alliée de l’Azerbaïdjan), l’Union européenne a réclamé un cessez-le-feu immédiat et appelé les belligérants à reprendre le chemin des négociations. Une position défendue par la délégation France insoumise.

4️⃣ Scandales bancaires : les fincenfiles

Il y a quelques jours, un nouveau scandale bancaire était révélé : les FinCENfiles. Après les Panama Papers, les Paradise Papers ou encore les Swiss Leaks, c’est un nouveau nom qui s’ajoute à une liste pourtant déjà longue…

Pour résumer, l’affaire concerne plus de 2 100 milliards de dollars de transactions frauduleuses (blanchiments, fraude et évasion fiscale), opérées par des réseaux mafieux et corrompus, sur lesquels les banques ont fermé les yeux pendant plus de 20 ans. Plusieurs grandes banques sont citées : la Société Générale, la Deutsche Bank, BNP Paribas…

Face à cet énième scandale, preuve supplémentaire s’il en faut une d’un système parfaitement huilé, la délégation France insoumise a défendu plusieurs points :

– l’annulation de la décision du Conseil de retirer les Iles Caïmans de la liste des paradis fiscaux
– la mise en place d’un règlement européen antiblanchiment
– la création d’un autorité européenne de contrôle et de repression des activités de blanchiment – l’élargissement des sanctions contre les récidivistes, c’est-à-dire les acteurs cités dans plusieurs scandales financiers

5️⃣ « Garantie pour la jeunesse »

Les eurodéputés ont également adopté un texte intitulé « Garantie pour la jeunesse », qui vise à favoriser l’emploi des jeunes et à leur éviter une nouvelle crise de chômage due à la pandémie de Covid-19.

La délégation France insoumise a défendu plusieurs positions intégrées au texte finale :
– ne pas promovoir les stages non-payés et le salariat déguisé
– favoriser avant tout l’emploi des jeunes, et non la multiplication de périodes de stage
– encadrer les contrats de stages (accords écrits listant les tâches du stagiaire et incluant une rémunération décente)

Le texte a finalement été adopté. Une victoire importante donc, et un message envoyé aux chefs d’Etats européens : l’emploi des jeunes est une bataille primordiale !

Plus d'articles

Démantèlement de Fret SNCF : la bombe climatique

L’Alliance écologique et sociale publie une étude sur le risque de hausse du trafic routier que va engendrer le démantèlement de Fret SNCF enclenché par le gouvernement en mai dernier. En fonction des différentes hypothèses, ce serait entre 300 000 et 520 000 poids lourds supplémentaires sur les routes de France par an.