Pour cette dernière plénière avant la pause estivale, nos eurodéputés ont été pleinement mobilisés sur le front des droits humains. De la montée de l’extrême droite dans l’Union européenne, couronnée par la présidence slovène au Conseil de l’UE, à l’exploitation des travailleurs du Bangladesh, nombre de textes soumis au débat et au vote cette semaine visaient à réaffirmer un soutien à des libertés et des droits humains piétinés.
L’extrême droit étend son ombre sur l’Union européenne
Présidence slovène : un ultra-conservateur à la tête de l’UE pour 6 mois
En plein débat sur l’Etat de droit, la Slovénie a pris ce 1er juillet la présidence tournante de l’UE pour une durée de 6 mois. Un défi de taille alors que son Premier ministre, Janez Jansa est connu pour son admiration envers Donald Trump et Viktor Orban, ses positions climatosceptiques, anti-immigrations, misogynes, ses atteintes à la liberté de la presse et à l’indépendance de la Justice de son pays.
Surnommé le “Maréchal Twitto” pour la cadence infernale de ses tweets agressifs, il s’est aussi attaqué récemment au principal parti d’opposition Levica qu’il tente de museler. Mais c’est la proximité de Jansa et Orban qui inquiète le plus les autres dirigeants européens et qui risque de compliquer les maigres efforts de la Commission européenne pour faire respecter le socle de valeurs – déjà bien menacé – censé unir les Etats-membres.
Commission européenne : beaucoup de discours, zéro action !
La Commission européenne a déjà perdu trop de temps pour déclencher le mécanisme de conditionnalité à l’état de droit, qui pourrait permettre de suspendre les fonds européens lorsque des États-membres sont coupables de corruption. Pourtant, dans plusieurs États membres, comme la Pologne ou la Hongrie, mais aussi la Slovénie qui vient de prendre la présidence tournante du Conseil de l’UE, des indices de violations pourraient justifier de recourir à ce règlement.
Younous Omarjee s’est pleinement investi pour que le Parlement européen vote un nouveau rapport qui critique cette lenteur et rappelle qu’une action est engagée devant la Cour de justice (article 265 du traité) à l’encontre de la Commission afin qu’elle joue vraiment son rôle en faveur de l’état de droit et du budget européen.
Les droits LGBTI sont des droits humains !
Cette progression des idées d’extrême droite au sein de l’Union européenne ne s’arrête malheureusement pas là. Pendant que se forme au Parlement européen une coalition inédite de 16 partis politiques d’extrême droite (dont le RN de Marine Le Pen) bien décidés à devenir la 3ème force politique de l’hémicycle européen, une loi liberticide et discriminatoire envers la communauté LGBTI est adoptée en Hongrie.
Cette loi associe les productions culturelles représentant l’homosexualité à la pornographie et la pédocriminalité, et interdit leur diffusion auprès des mineurs. En conséquence, tout contenu abordant de près ou de loin les questions d’orientation sexuelle, de transexualité ou encore de genre sera exclu des canaux de diffusion grand public.
Lire notre article sur la progression de l’extrême droite dans l’UE
Programme de la commission 2022
Le Parlement européen était invité à s’exprimer sur le programme de la Commission européenne pour 2022. L’occasion pour Manon Aubry de rappeler qu’un nombre croissant de citoyens se désintéressent de la politique, qu’ils pensent impuissante à apporter de réelles solutions à leurs problèmes. Dérèglement climatique, inégalités, « ce sont ces préoccupations concrètes, qui devraient guider votre agenda et celui de la Commission » rappelait Manon Aubry.
Droit d’asile et migration
Alors que la Méditerranée devient un cimetière, deux fonds liés aux questions migratoires étaient débattus au Parlement européen cette semaine. Le Fonds Asile et Migration, censé financer l’asile et l’intégration, financera aussi les retours forcés et donc les violations des droits humains qui en découlent. Un autre fonds consacrera 6 milliards à la « sécurisation » des frontières. Il soutiendra des actions qui conduiront à des violations des droits fondamentaux dans l’UE mais aussi dans des pays tiers, et représentera une source de financement pour les sociétés de sécurité privées.
A deux pas du Parlement, Anne-Sophie Pelletier visitait la semaine dernière un centre d’accueil pour réfugiés improvisé dans une église. Malgré l’urgence de la situation de ces centaines de réfugiés qui ont récemment commencé une grève de la faim pour alerter sur la précarité de leur situation, le gouvernement belge, ainsi que l’Union européenne, persistent à entretenir leurs pratiques inhumaines et à bafouer les droits des demandeurs d’asile.
Contre l’exploitation internationale des travailleurs
Dans le prolongement des luttes menées par les élus cette semaine sur la question des droits humains, Leïla Chaibi et Emmanuel Maurel sont intervenus sur les droits des travailleurs au Bangladesh. Leïla Chaibi a rappelé que leur exploitation à bas coût, au mépris des droits humains, était une manne pour les multinationales, qui s’enrichissent sur leur dos.
Interv Leila
Pendant que certains ont la tête dans la lune, d'autres ont les mains dans le cambouis.
— Leïla Chaibi (@leilachaibi) July 8, 2021
Alors quand @JeffBezos préparera sa valise pour l'espace🚀, j'espère qu'il pensera aux travailleurs des sous-traitants au #Bangladesh qui fabriquent des vêtements pour #Amazon🏭. ⤵️ pic.twitter.com/Z1iZgWGrYK
Emmanuel Maurel, a quant à lui rappelé le drame du Rana Plaza, haut lieu de la sous-traitance des multinationales du textile qui s’était effondré en 2013, causant la mort de plus de 1100 personnes. Depuis, rien n’a changé et l’Union européenne reste l’un des premiers importateurs de textile : bas prix pour le consommateur, mais des tonnes de CO2 émis chaque année, des salaires de misère et des conditions de travail déplorables pour les ouvriers qui produisent..
14 ans et condamné à la peine de mort en Arabie Souadite
Emmanuel Maurel soulevait également le cas de Abdullah al-Howaiti, condamné à mort à 14 ans, après l’obtention d’aveux par la torture. L’Arabie Saoudite n’hésite pas à condamner à mort des mineurs au cours de simulacres de procès, au mépris de ses propres lois et de ses engagements internationaux.
« L’Union européenne ne peut pas transiger sur un tel affront aux droits humains ! «
OTAN : mise sous tutelle américaine ?
Indirectement lié à la question des droits humains, le Parlement européen était amené à se prononcer sur un texte promouvant la coopération avec l’OTAN.
Pourtant, cette organisation est le symbole d’un mode de gestion des relations internationales qui reste bloqué dans une dangereuse course à l’armement et à la suprématie de quelques-uns sur le reste du monde. Les défis mondiaux auxquels nous faisons face ne permettent qu’une seule réponse: un sursaut international qui repose sur un multilatéralisme inclusif et transparent.
Prochain débrief en septembre ! Nous vous remercions d’être aussi nombreux à suivre les combats des élus de la délégation au Parlement européen. Nous allons tous prendre une pause bien méritée, avant de vous retrouver pour les AMFIS du 26 au 29 août (avec quelques surprises !) et en septembre pour la reprise des activités parlementaires. Bonnes vacances !