Stigmatisation des musulmans du matin au soir, appels au meurtre d’insoumis par le Youtubeur Papacito, agression de Macron par un adepte de la faschosphère et son complice lecteur de Mein Kampf et possesseur d’armes à feu. Le climat politique délétère en France est à l’image du péril d’extrême-droite qui monte partout en Europe dans une ambiance pré fasciste irrespirable. Harcèlement des migrants, remise en cause des libertés fondamentales, obsession anti Islam, oppression des minorités, casse de l’Etat de droit, instrumentalisation de la Justice à des fins politiques : l’alerte est lancée sur l’ensemble du continent. La gauche doit réagir avec fermeté tant qu’il est encore temps.
Une actualité passée inaperçue la semaine dernière confirmait déjà cette banalisation sans précédent de l’agenda de l’extrême-droite au sein de l’Union européenne. La “carte nationale de l’islam” présentée par le gouvernement autrichien aurait dû provoquer des condamnations unanimes tant elle rappelle des heures sombres de l’histoire où le fichage religieux a conduit au pire. Elle a finalement été accueillie par une forme d’indifférence. Est pourtant pointé du doigt tout ce qui touche de près ou de loin aux musulmans : mosquées, imams, associations culturelles, etc. La symbolique est lourde de sens et la démarche accentue encore la logique de mise au ban systémique d’une communauté. Et la démarche ne relève en rien de la maladresse de communication car elle s’inscrit dans la continuité d’un racisme anti-musulmans de plus en plus décomplexé en Autriche.
Ce terrain glissant dépasse largement les frontières de l’Autriche. En Hongrie, Orban remet en cause la justice et s’est attribué les quasi plein-pouvoirs. En Pologne, le PIS déclare des zones “sans-LGBTI”, se bat pour rendre l’avortement illégal et met en danger l’indépendance des juges. En Slovénie (qui va prendre la présidence de l’Union européenne le 1er juillet), le premier ministre fasciné par Trump s’attaque à la liberté de la presse et cherche à censurer médias et partis d’opposition. Au Danemark, le gouvernement (socialiste) mène une politique migratoire ultra répressive et veut externaliser les demandes d’asile à des pays hors UE pour ne plus accueillir d’exilés sur son territoire. La France de Macron ne fait absolument pas exception avec les lois séparatisme et sécurité globale, l’impunité totale des violences policières, les restrictions du droit de manifester, la passivité face aux syndicats de police factieux anti-juges ou aux anciens militaires qui menacent d’une guerre civile de manière à peine voilée.
La dynamique de l’extrême-droite est bien sûr électorale : au pouvoir dans plusieurs pays de l’Est, présente dans la coalition en Italie, aux portes de la victoire en France, en progrès en Espagne, etc. Mais elle est aussi culturelle, car des gouvernements théoriquement libéraux, conservateurs ou socio-démocrates mettent en œuvre son agenda politique ou accélèrent sa normalisation. Les soi-disant digues ont sauté depuis longtemps et l’extrême-droite se retrouve aujourd’hui en position de force. Ce qui explique l’initiative de Salvini qui souhaite créer au parlement européen un grand groupe d’extrême droite réunissant le pire du PPE (la droite “classique”), ECR (les ultra conservateurs notamment des pays de l’est) et ID (où siègent le RN et la Lega). Un projet qui, s’il se concrétisait, créerait la troisième forme politique du parlement européen à quelques sièges seulement des socialistes. Dans le même temps, la violence et les intimidations politiques des groupuscules les plus radicaux se font de plus en plus pressantes. Avant nous, nos camarades de Podemos en avaient déjà fait les frais en recevant des menaces de mort et des balles à leurs domiciles.
Notre analyse doit être lucide : l’objectif n’est pas de se faire peur pour le plaisir mais de regarder droit dans les yeux le contexte politique dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui. Le tableau est sombre et il faut s’en rendre compte pour en tirer des leçons politiques. Il est irresponsable dans ce contexte de tergiverser comme l’ont fait Jadot, Roussel et Hidalgo en manifestant au sons de slogans factieux aux côtés de Bardella, Zemmour et Messiha. Il est inacceptable d’aller dans le sens des obsessions sécuritaires et anti-musulmans de l’espace médiatico-politique français. C’est pour cela que nous appelons à une large mobilisation demain, ce 12 juin, contre la diffusion des idées d’extrême-droite et pour la défense de nos libertés. Cette date doit être le début d’une contre-offensive ambitieuse et déterminée de notre part : nous ne céderons pas d’un pouce et nous ne nous excuserons pas de défendre nos valeurs. Elle doit également être un signal pour nos amis européens qui se battent contre les mêmes adversaires dans leurs pays respectifs. La résistance doit être internationale et nous avons une responsabilité particulière dans cette bataille. La lutte contre l’extrême-droite a été l’un des premiers moteurs de mon engagement, ayant grandi dans une région où elle a été historiquement très forte, alors comptez sur moi pour ne rien lâcher ! Et nous aurons besoin de tous dans cette résistance. Avant qu’il ne soit trop tard.