Pour notre santé et notre planète, mettons fin à l’utilisation massive de pesticides !

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Partout en Europe, les pesticides font des ravages. Leur impact sur la biodiversité et sur la santé humaine est dramatique : une étude suggère qu’en trente ans, la masse des insectes ailés en Europe a diminué de 80 %, menaçant de nombreuses espèces végétales. Près d’un tiers des oiseaux (421 millions) ont disparu sur la même période, avec les pesticides comme première cause de cette disparition. Chaque année, dans le monde, on compte 385 millions d’intoxications dues aux pesticides. Malgré ces chiffres alarmants, nos systèmes agricoles restent enfermés dans un modèle productiviste néfaste, les dirigeants européens ferment les yeux sur la réalité, et les lobbies tentent par tous les moyens d’imposer l’idée selon laquelle aucune alternative n’est possible. En cette semaine des alternatives aux pesticides, nous tenons non seulement à rappeler que des alternatives existent mais qu’elles doivent urgemment être mises en place avant que les pesticides ravagent davantage notre santé, nos sols et détruisent ce qu’il reste de biodiversité. 

Des lobbies tentaculaires qui déploient tous les moyens pour éviter la régulation

La réduction des pesticides est à la fois l’un des piliers de la bifurcation écologique et une affaire de santé publique. Soutenir les alternatives devrait donc être une priorité, ce qui est loin d’être le cas, qu’il s’agisse de l’échelle nationale ou européenne. Au niveau de l’UE, la stratégie Farm to Fork (2020) a marqué une avancée notable. Elle vise -50% d’usage et de risque des pesticides d’ici 2030 et au moins 25 % de surfaces en bio en 2030. Mais pour l’instant, ces objectifs ne sont pas contraignants 

On comprend mieux pourquoi aucune contrainte n’est imposée quand on sait que les lobbies des pesticides déploient des moyens gigantesques pour saboter tout objectif et empêcher qu’ils deviennent contraignants par la loi. Corporate Europe Observatory a décrypté leurs tactiques : paiement d’études d’impact biaisées pour semer la panique au sujet des pertes économiques, organisation de multiples événements pour mettre en valeur ces études, utilisation de la pression mise par les pays tiers sur l’UE pour saper les aspects internationaux des objectifs… Les lobbies vont même jusqu’à instrumentaliser la guerre en Ukraine, et les risques de crise alimentaire qu’elle engendre. Après avoir réussi à faire de la réforme de la PAC un désastre sur tous les plans,  ils sont parvenus à différer la publication de la législation qui devait rendre contraignant l’objectif de -50 % de pesticides, dont la publication était initialement prévue le 23 mars. Ces lobbies ne doivent pas obtenir une victoire de plus ! La législation sur les pesticides doit être rapidement révisée de façon ambitieuse, et nous menons la bataille pour que les objectifs ne soient pas revus à la baisse. 

Le bilan désastreux de Macron, l’allié des lobbies

En France, la situation est pire encore. Emmanuel Macron se positionne clairement du côté des lobbys et a annoncé souhaiter porter « une adaptation de la stratégie de la Ferme à la Table ». En d’autres termes, saper ses orientations écologiques. Le “grand champion du climat” n’est en réalité rien d’autre que le fossoyeur de la bifurcation écologique. Son bilan dans ce domaine est désastreux : il a fait ré-autoriser les néonicotinoïdes, pesticides tueurs d’abeilles qui avaient été interdits. Il a également renoncé à l’interdiction du glyphosate, un pesticide dangereux retrouvé dans 99,8% des échantillons d’urines analysés en France. Malgré de nombreuses alertes, le gouvernement  ferme les yeux sur la dangerosité de cette substance. Avec trois autres pays chargés de sa réévaluation, la France a laissé de côté 99% des études scientifiques sur le glyphosate ! Cela a d’ailleurs notamment valu à l’Etat d’être attaqué en justice par deux associations, Pollinis et Notre Affaire à Tous, qui estiment que “le processus de validation des pesticides contient énormément de failles”. Enfin, le gouvernement français  est considérablement en retard vis-à-vis de ses objectifs de développement des surfaces en agriculture biologique, qui concerne seulement 10-12% des terres, alors que le gouvernement visait 15% en 2022 et que des pays comme l’Autriche ont déjà dépassé les 25 %.

Des mesures de bon-sens systématiquement repoussées

Beaucoup de choses devraient pourtant être mises en place. Pour réduire les pesticides, il faut tout d’abord pouvoir mesurer précisément leur utilisation dans nos champs. Actuellement, compte tenu des systèmes statistiques, c’est presque impossible. Mais en ce moment, une réforme importante des statistiques agricoles se tient sous les radars. Le Parlement européen porte une réforme ambitieuse, notamment grâce au travail du rapporteur Petros Kokkalis, député de notre groupe de La Gauche, mais les ministres de l’agriculture des États membres font tout pour l’empêcher, comme à leur habitude. Avec la Présidence française du Conseil de l’UE, c’est à la France que revient la responsabilité de conclure les négociations sur ce texte. Mais le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, semble se dérober lorsqu’il s’agit de soutenir la réforme ambitieuse portée par le Parlement européen. 

Ensuite, le processus d’autorisation des pesticides doit être entièrement revu pour répondre aux exigences scientifiques nécessaires pour protéger la santé des citoyens et l’environnement. C’est ce que nous exigeons avec la campagne Secrets Toxiques, qui va dans le même sens que  l’action en justice lancée par Pollinis et Notre affaire à Tous évoquée précédemment. Si le processus d’autorisation des pesticides était sérieux, il est probable que de nombreux pesticides aujourd’hui sur le marché ne seraient même pas autorisés ! Mais les gouvernements préfèrent nier la réalité jusqu’à ce qu’il soit trop tard, comme dans le cas du chlordécone.  Quelle belle stratégie que d’attendre que les gens soient empoisonnés, pour enfin mesurer les effets des pesticides… 

Transformer nos systèmes alimentaires est non seulement possible mais nécessaire ! 

Avec plus de volonté politique, il serait pourtant possible de changer le système agricole. Plusieurs travaux scientifiques ont montré que l’Europe pourrait nourrir sa population en 2050 en passant au 100 % bio, et même continuer à exporter de la nourriture : c’est notamment le cas dans le scénario TYFA de l’IDDRI, ou dans l’étude menée par le CNRS

Le facteur économique est souvent avancé, mais encore une fois, il convient de prendre le problème dans l’autre sens. Les pesticides nous coûtent cher : “à l’échelle européenne, les coûts directement attribuables aux pesticides – au moins 2,3 milliards d’euros à la charge de la société en 2017 – sont près de deux fois plus élevés que les bénéfices nets qui sont directement réalisés par l’industrie – près de 0,9 milliards d’euros la même année” selon le Bureau d’Analyse Sociétale pour une Information Citoyenne. Ainsi, pendant que nous sommes intoxiqués, les fabricants de pesticides et toute l’agro-industrie accumulent les profits. 

Pour arrêter l’usage des pesticides, une des conditions est d’adapter nos régimes en diminuant considérablement la consommation moyenne de protéines animales, de l’ordre de 50 %. Contrairement à certaines idées reçues, cela a aussi l’avantage d’être bon pour la santé, car nous en consommons en moyenne beaucoup trop. Cela permettra également de réduire la souffrance animale. Il faut aussi mettre fin aux immenses monocultures qui se sont imposées partout, et s’appuyer sur ce que la nature a à nous offrir en s’appuyant sur les principes de l’agro-écologie. Nous devons accompagner les agriculteurs dans cette transition, notamment par une transformation radicale de la PAC et par des aides à la transition et à l’agriculture biologique. Cela permettra d’éviter que les agriculteurs, qui sont en première ligne, ne meurent prématurément de maladies provoquées par les pesticides, une situation extrêmement fréquente mais souvent réduite au silence

Transformer notre agriculture passera aussi par le fait d’interdire en France et dans l’UE les importations de produits contenant des pesticides interdits dans l’UE ! L’année dernière, nous nous sommes approchés d’une belle victoire sur ce sujet à l’occasion de la réforme de la PAC, mais les ministres européens de l’agriculture ont fini par s’y opposer. Or il est absurde de continuer à nourrir les européens de produits contenant des substances interdites au sein de l’UE ! Ce scandale ne peut plus durer. 

Il faut aussi mettre fin au scandale inverse : aujourd’hui, les pesticides interdits en Europe peuvent toujours être produits en Europe et exportés dans les pays tiers, où ils détruisent la santé des agriculteurs sur place, ainsi que notre planète, qui elle, n’a pas de frontières. Ils reviennent ensuite dans les aliments que nous importons et consommons ! La Commission européenne s’est engagée à mettre fin à cette folie, mais depuis plus d’un an, elle traîne pour passer des paroles aux actes ! Nous lui demandons d’agir maintenant. 

Plus d’1,2 millions de citoyens sont mobilisés à travers l’Initiative citoyenne européenne “Save Bees and Farmers” et attendent des engagements forts pour en finir avec les pesticides. Nous nous joignons à eux et nous nous battons pour que soient interdits les pesticides les plus dangereux comme les néonicotinoïdes où le glyphosate, mais aussi les importations de produits contenant des pesticides interdits dans l’UE. Nous défendons une réforme des statistiques agricoles, une réforme de la législation sur les pesticides pour en réduire l’utilisation d’au moins 50% d’ici 2030 et généraliser l’agroécologie, la transition vers le 100 % bio au plus tard en 2050, la transformation radicale de la PAC, et la hausse du pouvoir d’achat, pour que chacun puisse avoir accès à une alimentation saine, durable et de qualité ! 

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